L’analyste-environnemental Louis-Marie Atundu, coordonnateur exécutif de l’asbl Bio diversité Congolaise « BIOCONGO », répond aux questions de DIA à p
L’analyste-environnemental Louis-Marie Atundu, coordonnateur exécutif de l’asbl Bio diversité Congolaise « BIOCONGO », répond aux questions de DIA à propos de la présence du gaz méthane en saturation dans le lac Kivu. Ce gaz qui représente un danger pour l’environnement et pour l’homme riverain.
DIA : Tout le monde redoute que le gaz méthane arrive à la surface du lac Kivu. Pouvez-vous estimer le temps qui reste encore au pays pour que cela se réalise ?
Louis-Marie Atundu (L.M.A) : A ce jour, personne ne peut déterminer avec exactitude la durée qu’il faut pour que ce gaz arrive à la surface, ni de la date exacte du contact explosif. Car, cela dépend aussi bien des actions liées aux mouvements tectoniques souterrains, causant des éruptions volcaniques, qu’aux effets aussi bien à la surface terrestre (atmosphère) qu’en dehors de celle- ci (mésosphères). Un groupe de chercheurs congolais avait confirmé, en 2015, que le gaz naturel serait déjà à neuf mètres en dessous du niveau de la surface des eaux du lac.
DIA: Est-t-il possible pour la RDC de contourner l’exploitation de ce gaz et protéger cette région ?
L.M.A : Contourner l’exploitation de ce gaz et protéger cette région suppose la maîtrise de cette force de la nature qu’est le gaz naturel du lac Kivu. Ceci n’est pas évident. Cependant, les différents travaux, notamment le forage nécessaire à la mise en œuvre de l’exploitation dudit gaz naturel et la construction d’un gazoduc pour son transport entraineraient aussi certains dangers, provoqués par l’effet de fuites du gaz, durant l’exploitation gazière. Mais, paradoxalement, cette exploitation dangereuse serait pourtant une opportunité intéressante pour le pays. D’où, l’intérêt d’engager cette esquisse de réflexion préventive sur l’extraction du gaz naturel au lac Kivu
DIA : Dans quelle mesure cette ressource est un domaine prometteur pour l’économie de la RDC ?
L.M.A : Bien sûr! Le gaz naturel du lac Kivu est une aubaine pour l’avenir économique de la RDC. Mais paradoxalement, parmi les innombrables ressources naturelles Congolaises, ce gaz naturel du lac Kivu reste la seule à controverse. Car son extraction, son exploitation et son transport nécessitent plusieurs précautions. Il s’agit ici d’une exploitation gazière dans une zone géologiquement instable, à cause des incompatibilités entre les activités de deux volcans les plus actifs d’Afrique (Nyiragongo & Nyamulagira) et la présence du lac Kivu dont la montée du gaz naturel à la surface paraît imminente.
DIA : Selon vous, qu’est ce qui retarde ces travaux ?
L.M.A : Finalement, ce qui retarde cette exploitation gazière est d’ordre complexe : Le cadre juridique et légal déficitaire au pays, causé quelquefois par certains accords multilatéraux sur l’environnement de notre état; l’implication limitée des décideurs politiques. Nous savons que le contexte politique national ne permet pas toujours la prise de certaines décisions, notamment en cette période; le mécanisme complexe de passations des marchés, lié à l’application de notre politique macro- économique ; l’absence d’implication des riverains au projet, qui rend difficile son exécution, à cause de la résistance de leurs réticences au projet.
Prisca Materanya
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