Distraction, exagération, discrimination, opinion sceptique du public à l’audience foraine des délinquantes kinoises appelées « ujana »

Un public nombreux assiste depuis une semaine au jugement des délinquantes appelées familièrement "Ujana". A l'énoncée des raisons de l'attroupement d

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Un public nombreux assiste depuis une semaine au jugement des délinquantes appelées familièrement « Ujana ». A l’énoncée des raisons de l’attroupement de gens devant le bar Zen ce samedi 29 septembre 2018 , le public n’a que trois mots à la bouche. Distraction, exagération et discrimination. Des filles traduites en justice sont accusées d’avoir arboré des tenues indécentes et d’avoir exhibé des danses obscènes dans un bar à 22 heures.

 

Public bigarré à Super Lemba

Public bigarré à Super Lemba

Des adultes hommes ou femmes ainsi que des jeunes, présents en ces lieux, ont pris position contre l’audience foraine en déclarant à qui veut l’entendre que le Gouvernement doit s’occuper des affaires sérieuses en lieu et place de ce spectacle de mauvais goût. Tous ces citadins ont demandé d’éradiquer les « Kulunas », des jeunes gens délinquants urbains et dangereux qui dépouillent avec violence les paisibles citoyens. D’autres personnes ont demandé au Gouvernement de combattre plus vigoureusement les rebelles de l’Est de la RDC. Le public du jour , dans ses commentaires, trouve ce procès exagéré et discriminatoire.

Pas d’accusés hommes et des filles misérables, la lie de la société, à la barre

Aucun homme n’a été traduit en justice. Le public ne s’explique pas pourquoi les Forces de l’ordre n’ont pas mis la main sur le gérant et le disc-jockey, tous des hommes, animateurs de la soirée festive. Les « Ujaana », une vingtaine sont les seules accusées de ce procès. Au-delà, de leur attitude bravache, le public a perçu la misère morale si pas la misère tout court. Plus de la moitié des filles se sont présentées avec des habits portés depuis quatre jours lors de leur arrestation. Elles n’ont pas pu se changer faute de parents pour leur apporter d’autres habits. Beaucoup d’entre elles mangent des restes de leurs amies prisonnières depuis tout ce temps dans les geôles du Parquet de Matete.
Le Tribunal de grande instance de Matete organise depuis le début de la semaine écoulée une audience foraine pour juger des délinquantes, dont des filles mineures, au Rond Point Super Lemba, dans un quartier populaire de Kinshasa.

Chaudes empoignades  entre avocats pointilleux et magistrats sévères

L’audience du jour a été marqués par des réparties appropriées d’articles de droit. Les magistrats ont utilisé l’article 175 du code pénal , livre deux, sur les outrages publics contre les bonnes mœurs punis par une prison de 8 jours à un an. Les avocats ont demandé la présence des témoins non membres des forces de l’ordre qui se sont sentis outragés. Ils ont demandé également de préciser les notions de bonnes mœurs et de danses à caractère obscène qui ne sont pas des termes juridiques. Toutes les filles accusées ont déclarées être venues participer à différents anniversaires organisés par leurs amis, mais aucune n’a pu justifier d’une activité régulière génératrice de revenus. Si de nombreuses reparties des avocats ont été saluées par des applaudissements, certaines attaques pertinentes de l’organe de la loi ont été aussi appréciées.

Une audience foraine pour édifier le public

Public attentif à Super Lemba

Public attentif à Super Lemba

D’aucuns se sont demandés si le public a été réellement édifié. Les accusées, toutes des jeunes filles, le public à 90% des hommes dont un bon nombre de voyeurs d’après leurs commentaires, quelques rares filles-élèves et pas de petites vendeuses en situation précaire. Ces dernières peuvent facilement basculer dans la délinquance. Les statistiques du public présent posent problème. L’audience a fini par ressembler à un match de football, chacun comptant les points. Toutefois le public est resté attentif pendant les trois heures d’audience sauf pendant une trentaine de minutes car le délestage du courant dans le quartier a rendu la scène inaudible. Les autorités judiciaires doivent veiller au grain afin que le public soit édifié. Les plaidoiries vont avoir dans les prochains jours avant le prononcé du verdict des juges.

Rombaut Kamwanga

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