Mgr Fridolin Ambongo : « Prenez courage. Tenez-vous debout avec la flamme de l’espérance en main »

« Personne d’autre ne viendra vous tirer de la misère sinon vous-mêmes. Tout en vous exhortant à ne pas céder à la violence par la violence, je vous d

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« Personne d’autre ne viendra vous tirer de la misère sinon vous-mêmes. Tout en vous exhortant à ne pas céder à la violence par la violence, je vous dis tout simplement : Prenez courage. Tenez-vous debout avec la flamme de l’espérance en main. » C’est en ces termes que s’est exprimé, ce mardi 27 février 2018, le vice-président de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, Monseigneur Fridolin Ambongo lors d’un point de presse dans l’archidiocèse de Mbandaka-Bikoro. Il a condamné les évènements qui s’y sont déroulés à l’issue de la marche pacifique des chrétiens catholiques du 25 février 2018. Le bilan fait état d’un mort et 13 blessés dont trois en état critique dans cette Archidiocèse. Nous vous proposons l’intégralité de sa communication.

Dimanche le 25 février 2018, des chrétiens, des hommes de bonne volonté de la ville de Mbandaka, répondant à l’appel du comité laïc de coordination, CLC, structure reconnue par l’autorité ecclésiastique compétente, ont organisé une marche pacifique conformément à la constitution de la République Démocratique du Congo, pour réclamer l’application intégrale de l’accord de la saint-sylvestre avec l’accompagnement et l’encadrement de leurs pasteurs, les curés, chapelets, bibles et croix à la main, sans injures ni violence, scandant des chants religieux, ces fideles chrétiens avaient pour point de chute la mairie de Mbandaka pour déposer leur memo. Cette marche pacifique a été dispersée et dans certains cas réprimée par les forces de l’ordre ayant fait usage disproportionné de gaz lacrymogènes et de balles réelles.

Jusqu’à ce jour, le bilan de cette journée se présente de la manière suivante :
a. Un cas de mort. Il s’agit de Monsieur Eric Boloko que d’autres appellent Bolokoloko abattu à bout portant par un policier de la force navale.
b. 13 blessés dont 3 dans un état critique. Les trois blessés sont :

1/ Jean Bokanga (18 ans) qui a reçu une balle au niveau du thorax. La balle lui aurait traversé le poumon gauche et a probablement sectionné la sixième cote. Il se trouve actuellement à l’hôpital général de Mbandaka. Ce malade a besoin d’être transféré à Kinshasa pour une opération d’urgence.

2/ Monsieur Alphonse Mokioto, âgé de plus de 64 ans, est actuellement dans un état de choc traumatique et a besoin d’un accompagnement psychologique. Il se trouve au centre de santé victoria de Mbandaka II et

3/ Rachel Djoli, jeune fille de 13 ans qui s’est retrouvée avec une brulure au second degré de son sein droit. Elle est aussi hospitalisée au centre de santé victoria à Mbandaka II. Les autres blessés sont chez eux à la maison entrain de soigner leurs blessures.

c. 7 cas d’arrestations dont mineur relâché après l’intervention de la Monusco. Les 6 autres sont encore gardés au commandement ville de Mbandaka.

d. Cas d’incendie. Deux de policiers ont été incendiées par la population en colère après la nouvelle de l’assassinat de Monsieur Eric Boloko.

Hier, en tant que pasteur de cet archidiocèse avec tous les curés des paroisses de la ville de Mbandaka, nous avons eu une séance de travail pour faire le bilan de la journée de dimanche. Nous avons adjoint à notre réflexion les responsables de la Monusco pour être sûrs que les éléments à notre disposition étaient fiables. Au début de l’après-midi, nous nous sommes rendus au bureau du Gouverneur que nous avions rencontré avec certains éléments du comité de sécurité pour évoquer la situation inacceptable qui s’est produite dans notre ville le dimanche. Nous avons ensuite effectué une descente chez le général commandant de la police qui avait en charge la force de la sécurité ce jour-là. Notre journée d’hier s’est terminée par une visite dans les centres de sante où se trouvent les 3 malades blessés qui sont dans un état critique.

De ce qui précède, nous déplorons et condamnons l’usage excessif de la brutalité par la police contre des compatriotes sans armes, avec qui, un simple dialogue- échange aurait suffi. Cependant, nous admirons et apprécions l’attitude de certains éléments de la police qui ont fait preuve de professionnalisme et de patriotisme. Tout en cherchant disperser la marche conformément aux ordres reçus, ils ont privilégié la négociation qu’à l’usage brutal de la force contre une population sans armes. Nous saluons l’attitude exemplaire des Fardc qui, en aucun moment, n’a constitué une menace pour la vie de paisibles citoyens, se contentant de négocier et de convaincre ceux qui voulaient marcher. Un vibrant hommage à la Monusco dont la présence permanente tout au long de cette journée a sans doute permis d’éviter le pire.

Nous invitons les autorités, surtout la force navale à mieux contrôler leurs éléments, particulièrement les armes de services mises à leur disposition. Il est malheureux d’apprendre que l’auteur de l’assassinat de notre fils, de notre frère Eric Boloko, le dénommé CELEO AGBE TOURE était un policier de la force navale qui n’avait rien à voir avec la marche. Il sort de sa maison avec une arme inconnue de sa hiérarchie, se met à tirer sur les fideles qui revenaient de la marche. Nous sommes que ce monsieur a été arrêté et sa maison incendiée. Il a été jugé hier (lundi) à la mairie devant une foule en colère. Et d’après les informations reçues du ministre provincial de la justice, il est condamné à perpétuité et sera probablement transféré à la prison de haute sécurité de Angenga à Lisala.

Le général commandant de la police que nous avons rencontré hier, après un très long échange avec, a fini par demander pardon à la population de Mbandaka en regrettant ce qui s’est passé. Il a promis de faire mieux pour que pareille chose ne puisse plus arriver. Nous remercions et encourageons Monsieur le gouverneur de la province de l’Equateur de continuer à prendre en charge tous les blessés de la marche et transférer dès demain mercredi Jean Bokanga à Kinshasa pour des soins appropriés.

Nous présentons nos condoléances à la famille d’Eric Boloko pour qui nous prions et demandons au Seigneur de l’accueillir dans sa maison. Que son sang ainsi que le sang de tous les blessés, ce sang versé féconde notre pays, féconde notre province pour un avenir meilleur pour notre peuple. Que leur mort, que leurs blessures ne soient pas un évènement inutile, en vain.

À toute la population de Mbandaka qui a vaincu le démon de la peur, nous disons notre admiration et notre fierté. Personne d’autre ne viendra vous tirer de la misère sinon vous-mêmes. Tout en vous exhortant à ne pas céder à la violence par la violence, je vous dis tout simplement, prenez courage. Tenez-vous debout avec la flamme de l’espérance en main. Dressons nos fronts, longtemps courbés, nous bâtirons un pays plus beau qu’avant.
Que la Sainte Vierge Marie, Reine de la paix, protège notre pays ! Je vous remercie.

+ Mgr Fridolin Ambongo

 

 

 

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