Grec-productions : « je suis presque le seul qui produit la musique chrétienne et profane en RDC »

L’agence catholique Dia a réussi à interviewer Grégoire Sanza, un des rares producteurs discographiques encore actifs au pays. Il parle de son travail

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L’agence catholique Dia a réussi à interviewer Grégoire Sanza, un des rares producteurs discographiques encore actifs au pays. Il parle de son travail et surtout de ses peines avec le piratage des œuvres produites. Ce piratage tue la production discographique. C’est pour cela qu’il appelle à l’aide le Gouvernement. Suivez ce jeu de question- réponse dans les lignes qui suivent :

Diacenco : Quel rôle jouez-vous dans la musique congolaise : producteur ou distributeur ?

Rayon musique religieuse en support DVD

Grégoire Sanza : Avant toute chose,  je suis très flatté de votre présence en ce lieu ! Je suis à la fois producteur, distributeur et je fais aussi la coproduction.

La coproduction avec qui ?

Je le fais avec les artistes auteurs et compositeurs. C’est-à-dire, l’artiste fait lui-même le studio, il m’apporte le produit fini et à mon tour je produis l’œuvre sur les supports cd, DVD, et DCD, en participant aussi à la réalisation des clips pour certains contrats.

Quel genre de contrat signez-vous, en tant que producteur ou éditeur, avec les artistes ?

Un contrat gagnant-gagnant. On s’entend sur le nombre d’exemplaires à produire et on les divise par deux. Si on produit par exemple dix milles, chaque partie aura cinq milles exemplaires qu’elle doit assumer la vente. Un autre contrat, je produis et j’assure moi-même la distribution et, l’artiste vient récupérer ses pourcentages sur la vente selon ce qui est conclu entre les deux parties.Mais, tout en contrôlant le mouvement de la vente.

Les difficultés, vous les rencontrez aussi ?

Grégoire, vérifiant les nouveautés

La première et la plus grande, c’est le piratage qui bat son plein. Les œuvres que nous produisons et nous distribuons aux détaillants sont piratées par des inconnus qui les vendent à vil prix. Les mêmes détaillants préfèrent acheter auprès de ces derniers pour gagner un peu plus, malgré la mauvaise qualité du produit. Lorsque l’artiste voit la circulation de l’album entre les mains de plusieurs personnes ou s’il entend jouer son œuvre à travers la ville, il pense directement à une meilleure vente alors que c’est le produit piraté.

Autre difficulté, c’est lorsque l’artiste vous cède une œuvre pour la production et la distribution, il vous laisse toute la charge et ne vient que pour chercher son argent, sa part. Il oublie même qu’après la production, il y a la distribution qui doit être accompagnée ou soutenue par la promotion dans les médias, les journaux et les magazines.

Quel genre de musique produisez-vous, chrétienne ou profane ?

Les deux. Pour le moment, les artistes chrétiens sont nombreux que ceux qui font la musique profane. Ils vendent aussi mieux.

Au clair, vous produisez plus la musique chrétienne que celle dite profane ?

En quelque sorte… oui ! Mais jusque-là, je suis presque le seul qui produit pour le moment les deux genres de musique en RDC. Il n’y a plus de producteurs qui acceptent d’investir à la musique, puisque le business ne paie plus à cause de piratage.

Pouvez-vous citer quelques noms de la musique profane que vous produisez ?

Presque tous ceux qui font de disques pour le moment. Si je ne produis pas, je distribue ou les deux à la fois. Je peux citer entre autre Werrason, Ferre Gola, Héritier Watanabe, Le Karmapa, Fally, Fabregas, RobinoMundibu…

Ici, il y a tout un rayon où sont étalés les anciens succès, est-ce rentable ?

Les anciens succès comme les nouveautés n’en manquent Pas

Les anciens succès sont des chansons qui ne connaissent pas l’usure du temps, elles sont bien appréciées par le public. Il y a une catégorie des mélomanes qui ne veulent qu’écouter ça, car elles ne contiennent pas de « mabanga » et de cris impropres à la consommation, tant en famille qu’en lieu public on peut écouter cette musique.

La plupart des auteurs, compositeurs et éditeurs de ces chansons sont morts, auprès de qui obtenez-vous le droit de reproduction et de distribution ?

Je signe avec les héritiers qui sont leurs enfants, épouses et membres de famille. Les anciens succès de Luambo Franco, Kallé Jeef, Bavon Marie Marie et tant d’autres sont reproduits et distribués par la maison Grec Productions.

Etes-vous reconnu ou membre de la Socoda ?

J’étais membre de la Soneca, mais depuis qu’elle est devenue Socoda, je ne me suis pas présenté pour une nouvelle adhésion.

Vous êtes resté presque le seul opérateur musical actif à Kinshasa…en RDC, ne pas être reconnu par la Socoda vous fait du bien ?

Grec regrette le piratage dont ils ont victimes

Les anciens éditeurs et distributeurs qui me côtoient ne me donnent pas l’occasion d’assister aux réunions tenues par la Socoda alors qu’ils sont administrateurs de la société. D’ici là, je veux les contourner pour me présenter aux services de la Socoda afin de m’acquérir des conditions auxquelles je remplirai pour m’affilier.

Et s’il faut conclure ?

Le piratage des œuvres que nous produisons ne nous permet pas d’évoluer. C’est pourquoi, beaucoup de mes collèges ont abandonné car, on ne se retrouve plus. Le Ministre de la Culture et des Arts doit faire quelque chose pour nous soutenir.Il n’y a que lui qui peut faire face au phénomène de piratage des œuvres phonographiques dans notre pays.

Propos recueillis par Gel Boumbe

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