Insécurité en RDC : La CENCO ne cesse de tirer la sonnette d’alarme

De violents combats ont opposé les Forces Armées de la RDC (FARDC) aux présumés rebelles ougandais des Forces Démocratiques Alliées (ADF) dans plusieu

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De violents combats ont opposé les Forces Armées de la RDC (FARDC) aux présumés rebelles ougandais des Forces Démocratiques Alliées (ADF) dans plusieurs quartiers de la ville de Beni, à la province du Nord-Kivu, la nuit de samedi 22 à dimanche 23 septembre 2018. Le bilan, selon différentes sources, fait état de 18 à 20 morts, civils et militaires.

Les Congolais continuent à être massacrés impunément sur le sol de leurs ancêtres. Au moment où les rebelles ougandais tuent des militaires et des civils en RDC, environ une centaine de pécheurs congolais croupissent dans les geôles ougandaises dans un silence incompréhensible du gouvernement.

Certains pécheurs congolais ont vu leurs produits de pêche de la nuit être récupérés par des soldats ougandais sans qu’aucune autorité congolaise n’intervienne pour protester face à cette situation.

L’insécurité à Beni, l’insécurité à l’Est du pays, l’insécurité dans l’ensemble du pays, tout cela  constitue des sujets auxquels le Gouvernement congolais devrait s’attaquer sans relâche. La Conférence épiscopale nationale du Congo ne cesse de tirer la sonnette d’alarme depuis des lustres.

En juin 2006, par exemple, dans un message intitulé « Pour une fin de transition apaisée : le peuple avait le cœur à l’ouvrage », le Comité permanent de la CENCO relevant des situations inquiétantes à l’organisation des élections,  écrivait : « L’insécurité persistante à l’Est du pays avec des poches de résistance actives, qui ne va pas sans inquiéter toute personne éprise de paix ». La CENCO donnait ainsi quelques exigences pour la bonne tenue des élections. Parmi ces exigences, il y a celle-ci : « Pour la réussite des élections nous demandons aux gouvernants de veiller à sécuriser la population, à prendre toutes les dispositions requises pour que le trésor public de l’Etat ne soit pas détourné aux fins de campagne électorale, et que la gestion des affaires courantes de l’Etat continue à être assurée ».

Infatigables en ce qui concerne le bien-être du peuple congolais, les Evêques sont revenus à la charge en juillet 2008 avec ce message « Il est temps de nous réveiller ». Ils ont alors noté : « L’insécurité semble aujourd’hui généralisée dans le pays. Des assassinats ciblés des personnes sur les routes et dans les maisons se multiplient. Des éleveurs Mbororo immigrés dans le Nord de la Province Orientale, sacrifient les champs de la population, tuent tout autre herbivore, en faveur de leurs vaches. Des éléments de la rébellion ougandaise de LRA pillent dans les paroisses et maisons religieuses, enrôlent des jeunes dans leur rébellion, et réquisitionnent des adultes pour des travaux forcés dans leurs champs. Des FDLR et autres réfugiés rwandais contrôlent encore des portions du territoire. Des Congolais sont refoulés de l’Angola dans des conditions inadmissibles. Des frontières sont de plus en plus sans contrôle. Autant de situations qui devraient interpeller le Gouvernement ».

Très récemment, la 55ème Assemblée plénière de la CENCO, dans son message de juin 2018 intitulé « Sauvons le processus électoral » est revenue une fois de plus sur cette problématique de l’insécurité. « Nous déplorons l’insécurité persistante et croissante dans plusieurs provinces, aggravée par la multiplicité de groupes armés. Paradoxalement, cette situation contraste avec l’impressionnante militarisation du pays, entre autres dans le Nord-Kivu. Cette insécurité, vraisemblablement entretenue, ne risque-t-elle pas de servir de prétexte au refus d’organiser les élections dans le délai ? »

Dans son plaidoyer auprès du président zambien, Edgar Lungu, en sa qualité de chairman de la Troïka de la SADC sur la politique, la sécurité et la défense, le vendredi 7 septembre 2018, la CENCO a signalé, parmi les inquiétudes, « la persistance de l’insécurité, notamment à l’Est de la RDC ».

Au regard de ce qui se passe sur terrain, l’Episcopat congolais semble avoir crié dans le désert, car les tueries du week-end dernier à Beni indiquent clairement que les autorités compétentes n’ont pas encore pris à cœur le problème de l’insécurité dans le pays. Jusqu’à quand les Congolais se feront-ils massacrer sur leur propre sol par des étrangers ? Quand est-ce que nos forces de sécurité assureront véritablement la protection de la population et de ses biens.

Pendant ce temps, le rapport publié le mercredi 19 septembre 2018 par le Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) en République démocratique du Congo (RDC) fait état des violations des droits de l’homme par des éléments en uniforme. Cette structure onusienne a affirmé avoir documenté, en août 2018, au total 620 violations des droits de l’homme dans le pays, soit une hausse par rapport aux 515 violations documentées en juillet 2018.

Ce qui est alarmant, c’est le fait que le rapport indique noir sur blanc que le nombre de violations commises par les agents de l’Etat en août 2018 a presque doublé par rapport à juillet et ils sont responsables de près de 66% des violations documentées à travers le pays. La même source rapporte également une baisse du nombre de cas d’atteintes attribuables aux groupes armés, responsables des 34% restants. Baisse ou pas, ce sont des compatriotes qui ont payé dans leur chair ces violations de leurs droits.

Où va le pays ? Que doit faire le peuple congolais pour qu’il soit sécurisé par ses autorités et sa force armée ? Que doivent encore dire la CENCO et d’autres organisations pour amener les autorités compétentes à prendre le taureau de l’insécurité par les cornes ?

En attendant qu’il y ait une réaction notable des autorités, que chaque congolais là où il est fasse le deuil de ces compatriotes qui sont guillotinés sans en savoir la raison.

La Rédaction

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