CENCO : Les Évêques ont encore parlé, attention aux corrompus et aux corrupteurs

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A l’issue de son Assemblée plénière extraordinaire du 20 au 22 novembre 2018, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), a rendu public son message intitulé « Des élections crédibles pour une véritable alternance démocratique.»

Les Évêques en Assemblée plénière extraordinaire de novembre 2018

Dans ce message de 32 paragraphes signés par 41 évêques réunis pendant trois jours, les prélats catholiques ont commencé par un verset biblique : « Si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui peut te donner la paix ! » (Luc 19, 42).

A un mois de la tenue des élections, Cardinal, Archevêques et Évêques de la CENCO se sont réunis en Assemblée plénière extraordinaire pour une évaluation du processus électoral en cours. En tant que Pasteurs et Congolais, fidèles à leur mission prophétique, les prélats catholiques ont voulu apporter leur contribution pour la tenue des élections libres, transparentes, crédibles et apaisées.

Cheminant ensemble depuis l’Accord de la Saint-Sylvestre en 2016 en vue de l’organisation des élections libres susceptibles d’aider la RDC à sortir de la crise, la CENCO demande au peuple congolais d’évaluer ensemble ce processus électoral. Elle pose autant de questions : Où sommes-nous ? Que devons-nous faire pour atteindre une véritable alternance ? Les mesures de décrispation du climat politique contenues dans l’Accord pour lesquelles ils sont souvent revenus, n’ont pas été résolues, certains opposants politiques sont toujours soit en prison soit en exil.

Malgré les divergences de vue sur certains points importants du processus, la CENCO constate la détermination de plus en plus affichée du gouvernement et de la Céni à tenir les élections le 23 décembre 2018, et tous les partis et regroupements politiques semblent résolus d’aller aux élections.

Les Évêques constatent le manque de consensus persistant  notamment sur l’utilisation de la machine à voter et sur la fiabilité du fichier électoral, alors que la campagne électorale a démarré. Par ailleurs, d’autres compatriotes doutent encore de la possibilité d’organiser de bonnes élections à la date indiquée.

Parlant de la liberté de manifestation, la CENCO précise qu’elle n’est pas encore un acquis pour tous. La récente répression violente de la manifestation des étudiants de l’Université de Kinshasa qui a causé trois morts en est une illustration. L’accès aux médias publics n’est pas équitable.

Se référant à la loi électorale, article 36, les prélats catholiques ne sont pas allés par le dos de la cuillère. « Nous observons aussi que, contrairement aux dispositions légales, les agents de la territoriale et les administratifs, des ministres aux chefs des villages, sont contraints de battre campagne pour une seule tendance politique ; et les moyens de l’Etat sont réquisitionnés, et mis à la disposition d’une seule plateforme politique. Ce qui consacre l’inégalité des chances, inadmissible dans une compétition démocratique », ont dit les Évêques.

Pour l’insécurité qui persiste avec violence récurrente au Nord et Sud Kivu, à l’Ituri et au Tanganyika, malgré l’arsenal militaire déployé, la CENCO trouve que cette insécurité, apparemment planifiée, fait planer sur notre pays le spectre de la balkanisation. « Ce tableau nous permet-il d’aller aux élections sans que les résultats ne soient contestés ? », se demande-t-elle.

Une alternance pour un Congo plus beau qu’avant

Les Évêques pensent que ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est l’unité de notre pays, l’intégrité de notre territoire national, la justice, la paix et l’amélioration des conditions de vie de la population. Ils reviennent sur le message de juin 2017, « Le pays va très mal. Débout congolais » où ils évoquent « la corruption, l’évasion fiscale, le détournement de fonds publics ont atteint des proportions inquiétantes à tous les niveaux. Un groupe de compatriotes, abusant manifestement de leur pouvoir, s’octroie des avantages économiques faramineux au détriment du bien-être collectif. » La situation socio-économique a empiré.

Une recommandation patriotique au peuple congolais

Pour améliorer les conditions des élections en vue de cette alternance, nos Pasteurs recommandent que ce soit le moment d’exercer notre droit de souverain primaire en vue d’un nouveau leadership capable de mettre au centre de ses préoccupations le bien-être du peuple congolais.

L’Abbé Donatien N’Shole lisant le message des Évêques

Pour les Évêques de la CENCO, l’heure est venue de procéder à un vote responsable, c’est-à-dire choisir des hommes et des femmes soucieux de défendre notre pays ; de promouvoir le bien commun ; de garantir les libertés fondamentales ; de défendre les droits humains. Il nous faut des dirigeants qui respectent la loi fondamentale et la parole donnée ; des personnes honnêtes et de bonne moralité qui ne s’approprient pas les ressources du pays. Attention aux corrompus et aux corrupteurs (PS 93, 20).

« La CENCO ne soutient aucun candidat, elle n’a pas un préféré à vous proposer. Libres de toute contrainte, en âme et conscience, que chacun donne sa voix à la personne jugée digne de confiance pour le bien-être de tous. Demeurons vigilants pour ne pas nous faire voler notre vote. Ne cédons pas au tribalisme, au régionalisme, au favoritisme, à toute forme de clientélisme. Évitons la violence pour résoudre d’éventuels différends électoraux (Mt 5,9). Notre pays a trop souffert des violences de tout genre, il a besoin d’une paix durable pour sa reconstruction », déclarent les Évêques.

Gel Boumbe

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