Rd Congo-Elections: Regard sur un scrutin aux enjeux multiples

C’est vers les années 90 que s’ouvrit le vent de démocratisation en République Démocratique du Congo après des longues années de dictature sous le r

Comme la CENCO, le CLC invite la CENI de n’utiliser la machine à voter que pour l’identification des candidats
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La Société civile formule des recommandations à la CENI afin de faciliter la tenue d’élections apaisées le 23 décembre prochain
Des affiches anti Kabila à Kinshasa

Des affiches anti Kabila à Kinshasa

C’est vers les années 90 que s’ouvrit le vent de démocratisation en République Démocratique du Congo après des longues années de dictature sous le règne du feu président Mobutu. Mais il a fallu attendre quinze ans après avant de voir pour la toute première fois l’organisation d’un scrutin dans ce pays en plein cœur de l’Afrique, soit en 2006 nonobstant les irrégularités l’émaillant.

5 ans après soit en 2011, le deuxième rendez-vous électoral avait aussi lieu mais cette fois plus pire que le premier à cause du changement de règle de jeu à quelques mois avant la tenue desdites élections. Force est de rappeler ici que la constitution de la RDC consacre la tenue du scrutin présidentiel à deux tours et cette disposition a été changée en 2011 ramenant ainsi l’élection présidentielle à un seul tour, une mutation mal digérée à l’époque et avait causé un tollé populaire et mort d’hommes. Le chien aboie, la caravane passe. Ces élections avaient finalement eu lieu avec un tas de contestations qui s’en est suivi après réélection du président en fonction Joseph Kabila fils de l’ancien président Laurent Désiré Kabila décédé en plein exercice de ses attributions en janvier 2001.

Finalement, 5 ans après devrait se tenir le 3ème scrutin normalement en 2016 mais ce dernier s’est vu reporté à deux reprises notamment à la fin de l’année 2016, date à laquelle prenait fin le second et dernier mandat du président héritier Joseph Kabila arrivé au pouvoir depuis février 2001 mais aussi le report de décembre 2017 avec comme raison le manque de financement conséquent.

Les enjeux des élections du 23 décembre 2018

Marche des catholiques réprimée à Kinshasa

Marche des catholiques réprimée à Kinshasa

Ce scrutin de 2018 est tout à fait particulier. Il est le fruit d’un long chemin truffé de toutes sortes des stratégies dilatoires et des violences. En ce qui concerne ces dernières, on peut citer ici les marches pacifiques organisées par le Comité Laïc de Coordination (CLC), rassemblant des milliers des chrétiens sur les rues de Kinshasa et de l’arrière-pays, exigeant la tenue des élections libres, crédibles et transparentes contrairement à celles de 2006 et 2011 dont la répression était disproportionnée du côté des forces de l’ordre et ayant entraîné des centaines de morts et blessés parmi les chrétiens.

L’enjeu majeur pour ces élections est « l’alternance pacifique et civilisée à la tête de l’Etat »,  a expliqué Jean-Poupon Kalala à notre site. Dans ce même ordre d’idées, Willy Kola nous a dévoilés que « depuis son indépendance, il n’y a jamais eu de passation pacifique du pouvoir entre un ancien et un nouveau président élu en RDC ». « Nous avons hâte de vivre cela », a-t-il renchéri.

Un autre enjeu important est l’absence pour la première fois de Joseph Kabila dans la course à la présidentielle depuis 2006. Ce dernier accusé par l’opposition politique et une partie de la société civile d’être à la base des reports du scrutin de 2016 pour s’éterniser au pouvoir retournant de ce point de vue le pays sous le régime dictatorial comme ce fût à la deuxième République et ses éventuelles corollaires.

Cependant, au regard de ce tableau que notre équipe s’est efforcé de peindre, il y a lieu de prendre en compte le risque que court ces élections du 23 décembre 2018 avec notamment les derniers événements qui viennent de se succéder à moins de jours de la tenue ce scrutin tant attendu.

Par ailleurs, il convient de souligner ici les incidents déplorables survenus lors des meetings du candidat de la principale coalition de l’opposition Martin Fayulu à Kalémie, Kindu et Lubumbashi avec mort d’hommes qui jettent des inquiétudes préoccupantes sur la poursuite de la campagne électorale en particulier et du processus électoral en général. Et pourtant le candidat du pouvoir lui bat campagne sous la protection des forces de l’ordre  en toute quiétude et d’autres sont soumis à diverses contraintes par les mêmes forces. Pourquoi deux poids et deux mesures, s’interrogent fréquemment des congolais sur les artères de Kinshasa ces derniers jours.

Incendie à l'entrepôt de la CENI de Kinshasa

Incendie à l’entrepôt de la CENI de Kinshasa

A cela s’ajoute le spectaculaire incendie d’un des entrepôts de la centrale électorale où 70% des kits électoraux pour la capitale Kinshasa ont été brûlés dont 8000 machines à voter. Un incident vivement commenté puisque ces contestables machines à voter s’y trouvaient et donc d’aucuns n’hésitent d’attribuer cela au pouvoir en place afin de reporter une fois de plus le scrutin.

Enfin, au moment où des appels à des élections crédibles, transparentes, inclusives et apaisées ne font que se succéder, sur le terrain la réalité est toute autre. Le risque plutôt d’assister à un hold-up électoral sans précédent après le 23 décembre demeure imminent et met ainsi l’avenir du pays en danger.

Junior Kitambala

 

 

 

 

 

 

 

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