Père Sébastien Yebo : « Cet enlèvement ne peut, en aucun cas, m’empêcher de poursuivre ma mission en tant que prêtre »

Il s’observe un climat d’insécurité grandissante, des arrestations, des patrouilles et fouilles systématiques ainsi que des tentatives de kidnapping

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Le père Sébastien Yebo à la procure des Pères passionnistes

Il s’observe un climat d’insécurité grandissante, des arrestations, des patrouilles et fouilles systématiques ainsi que des tentatives de kidnapping, des filatures et des menaces de mort de façon récurrente à Kinshasa comme à l’intérieur du pays. Et cela depuis le 31 décembre 2017, date de la première marche pacifique organisée par le Comité Laïc de Coordination, CLC, en vue de la mise en application intégrale, effective  et de bonne foi de l’Accord de la Saint-Sylvestre et contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila. Des prêtres et des religieux sont de plus en plus devenus la cible des services de renseignement.

C’est dans cette perspective que l’agence catholique de presse DIA est allée à la rencontre du Père Sébastien Yebo, de la congrégation des Pères passionnistes et curé à la Paroisse Saint Robert de Kimbaseke (Kinkole), une commune périphérique de l’Est de Kinshasa, qui a été enlevé le samedi 03 février 2018 par des services de sécurité. Deux semaines après le kidnapping, le père Sébastien revient sur les mobiles et les coulisses de son enlèvement dans cet entretien qu’il a bien voulu donner à l’agence DIA, le mardi 13 février 2018 à la Procure nationale des Pères Passionnistes de Limete.

DIA : Bonjour père, très récemment la nouvelle sur votre enlèvement a fait la une de l’actualité, que s’est-il passé exactement ?

Père Sébastien Yebo (PSY) : C’était après la messe matinale, j’avais fini la messe et je devais écouter les confessions avant de rentrer à la communauté. Malheureusement, en commençant à écouter les confessions, il y avait un mouvement suspect à l’extérieur de l’enceinte de la paroisse et les chrétiens sont venus me dire que père vous devez rentrer il y a un ça ne va pas. J’ai obéi et un groupe de Papas m’ont accompagné. Puis arrivé quelque part au milieu de la concession de la paroisse, on voit une jeep blanche qui s’amène et on me contraint de monter pour m’amener à une destination. A notre arrivée, ils m’ont demandé de descendre, nous sommes entrés dans leurs bureaux et m’ont entendu sur P.V.

Ils m’ont posé certaines questions du genre, pourquoi j’étais là ? Il parait que c’était pour un prêtre catholique, le père Sébastien de Saint Angers, qu’on cherchait. Je leur ai dit que moi je ne suis pas Sébastien de Saint Angers mais plutôt de Saint Robert de Kinkole. Et on m’a posé d’autres questions, si j’étais en contact avec les Kamuena Nsanpu, je dis non, je ne connais rien de ça. Ils m’ont dit que, quelqu’un aurait passé citer mon nom comme étant responsable financier des Kamuena Nsanpu. Ma réponse était non et j’ai même demandé une confrontation avec le monsieur afin qu’il prouve ou témoigne si je suis financier des soit disant Kamuena Nsanpu. Puis ils m’ont demandé si j’avais un mot de la fin, je leur ai dit de me laisser partir continuer avec le travail que le seigneur m’a donné.

DIA : Aviez-vous une idée de la destination à laquelle on vous a amené ?

PSY : Oui, et j’en profite pour préciser ici, contrairement à tout ce qui se dit, que j’ai été bandé et conduit à une destination inconnue. Non je n’étais ni bandé ni molesté, ils m’ont pris et m’ont amené calmement jusqu’à l’Inspection générale de la police, dans ses services des renseignements.

DIA : Cet enlèvement peut être un mobile pour vous faire taire ? Autrement, vous contraindre de changer ou diminuer votre engagement social ou politique ?

PSY : Cet enlèvement ne peut, en aucun cas, m’empêcher à poursuivre mon engagement social et politique. Bon, moi je suis serviteur de Dieu, ma mission c’est d’annoncer la parole de Dieu, la proclamer et la témoigner puis vivre de cette parole. Je continuerai, c’est cela mon engagement comme prêtre.

DIA : Vous sentez-vous en sécurité ou continuez-vous à recevoir des menaces ?

PSY : Nous sommes là et en réalité, je dois vous l’avouer que je n’ai jusque-là reçu aucune menace. Ma seule et unique inquiétude, c’est juste au cours de ma comparution à l’Inspection générale de la police le jour de mon enlèvement, ils m’avaient tout confisqué, mes téléphones et ils m’ont fait photographier pour des fins que j’ignore. Et Ils me les avaient rendus quelques minutes avant ma relaxation.

DIA : Avez-vous un message particulier aux fidèles de Kinshasa en général et de la paroisse Saint Robert de Kinkole en particulier ?

PSY : Le message c’est d’abord de continuer à croire en Jésus-Christ, à son père qui est le créateur, à l’Esprit Saint. Puisque Jésus-Christ lui-même avait dit « qu’il est le commencement et la fin », c’est pour dire que le temps que traverse notre pays actuellement, Jésus Christ est le seul maitre et que personne d’autre ne peut prétendre le changer ni être au dessus ou au-delà que le Christ. C’est le temps prévu par Dieu, qu’ils continuent à croire pendant ces lourdes épreuves, le bonheur n’est plus loin.

Propos recueillis par Junior Kitambala (stagiaire)

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