Ne votez pas pour moi!

"Ne votez pas pour moi" est un texte de réflexion publié lors des élections de 2011 et diffusé en ce mois de décembre 2018 par l'Agence DIA pour ses l

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« Ne votez pas pour moi » est un texte de réflexion publié lors des élections de 2011 et diffusé en ce mois de décembre 2018 par l’Agence DIA pour ses lecteurs. Le texte a été intitulé à l’origine « Discours du candidat idéal à l’électorat congolais ». De façon mi sérieux, mi taquin, l’auteur Me julien Mbikayi Katayi interpelle ses concitoyens.

 

« Le 17 septembre 2011

Voici le discours que je proposerais si j’étais candidat aux prochaines échéances électorales dans notre pays.

 

Non candidat en campagne en 2018

Non candidat en campagne en 2018

Les élections, ou le choix des animateurs des institutions politiques. Le vote, oui, pour une deuxième fois, dans notre pays depuis l’avènement de la troisième République, nous allons connaître des élections présidentielles et législatives le 28 novembre prochain avant de poursuivre le processus avec des élections à d’autres niveaux.

Le 28 novembre prochain, nous allons choisir le nouveau Président de la République et les nouveaux députés nationaux pour les cinq prochaines années. Vous connaissez certainement l’importance de l’acte que vous allez poser sous peu.

En effet, ce sont les personnes que vous allez choisir qui vont diriger le pays pour les cinq prochaines années que vous souhaitez tous meilleures par rapport à celles qui viennent de s’écouler. Ce sont ces personnes-là qui devront, chacune en ce qui la concerne, donner des réponses aux questions que vous vous posez quotidiennement sur les besoins fondamentaux dans la vie de chaque Congolais.

Quelles questions, me poserez-vous peut-être?

En voici quelques-unes qui reviennent fréquemment :
Pourquoi n’avons-nous pas de l’eau dans nos robinets alors que notre pays possède une hydrographie des plus riches de la planète ? Arrivera-t-on un jour à fournir de l’eau potable à chaque ménage ?

Pourquoi n’avons-nous pas de l’électricité alors que notre pays a des possibilités extraordinaires pour produire aussi bien pour lui-même que pour les autres cette denrée de plus en plus rare que devient le courant électrique ?
Les personnes que nous allons choisir, travailleront-elles finalement pour nous fournir du courant électrique qui non seulement éclairera nos maisons et nos bureaux, mais aussi fera fonctionner nos usines et ateliers ?

Pourquoi sommes-nous mal logés alors que notre pays a des espaces vides où peuvent se construire des quartiers et des villes ? Qui est ce qui développera pour les Congolais cette politique de logement qui semble insaisissable comme du vent depuis des lustres en République Démocratique du Congo ?

Pourquoi nos enfants ne vont-ils pas à l’école ?
Pourquoi ceux qui y vont doivent payer si cher pour un enseignement dont la qualité est plus déficitaire chaque année, alors que l’éducation devrait être non seulement gratuite, mais aussi et surtout obligatoire si l’on sait que le développement passe par l’éducation de base et que des millions d’enfants congolais ne sont pas scolarisés ?

Pourquoi les personnes qui sollicitent nos voix n’ont pas de discours concret sur ce grand défi de l’éducation nationale ?
Pourquoi sommes-nous incapables de nous soigner lorsque nous tombons malades alors que la santé de la population doit être une priorité si l’on sait que les ressources humaines sont incontournables pour un pays qui entend s’engager sur la voie du développement ?

Ceux que nous allons choisir demain, ont-ils dans leur programme l’objectif d’assurer au Congolais un esprit sain dans un corps sain ?
Pourquoi n’avons-nous pas de travail même lorsque nous avons notre diplôme ou des qualifications et des aptitudes au travail ?

A combien de Congolais les personnes qui sollicitent nos voix vont-elles donner un emploi ? Comment seront ils rémunérés ? Le seront-ils comme le sont aujourd’hui le fonctionnaire et l’enseignant qui sont réduits à leur plus simple expression ? Sinon, avec quels moyens comptent-elles améliorer le social des citoyens congolais ? Pourquoi sommes-nous un pays pauvre très endetté, alors que plusieurs pays exploitent nos ressources naturelles, les transforment en richesse et réussissent à se développer ?

Pourquoi ne mangeons-nous pas à notre faim au point que nos enfants meurent par dizaines de milliers de malnutrition alors que nous avons un sol généreux dont le produit peut nourrir au-delà de nos frontières nationales ?
Pourquoi devons-nous vivre dans l’incertitude du lendemain, dans l’insécurité et la peur comme si nous étions déportés sur un sol étranger, très loin de chez nous ?

Pourquoi ceux qui se servent des biens de l’Etat comme leurs biens individuels sont respectés et ont droit aux honneurs alors que la loi est au-dessus de tous et que notre justice qui est censée être indépendante demeure impuissante devant eux ?

Des centaines d’autres questions que l’on peut avoir

Il y a des centaines d’autres questions que vous vous posez certainement et pour lesquelles personne, alors personne parmi ceux qui vous font les beaux yeux aujourd’hui, ne veut curieusement se prêter à répondre par un discours responsable et cohérent, en préférant vous distraire avec des futilités qui vous détournent de vos vraies préoccupations.
Qui vous donnera alors ces réponses que vous attendez comme de la manne qui tomberait du ciel ?

Dieu ? Non, Il vous a tout donné et a tout fait pour ce pays, il attend de vous la reconnaissance qui doit se traduire par le développement de ce pays en paradis terrestre. La communauté internationale ? Non plus, elle a ses intérêts qui sont différents des vôtres. Ces candidats qui multiplient des slogans chaque jour comme des chants des sirènes pour vous courtiser et vous convaincre à prendre part avec eux ? Ce n’est pas certain.

Discours du candidat idéal

Candidat  au langage vrai en 2018

Candidat au langage vrai en 2018

Mes chers compatriotes, je me propose, non pas de vous répondre à toutes ces questions et à d’autres que vous pourriez avoir, mais à vous donner le discours du candidat idéal, qui une fois porté au pouvoir par vos voix, travaillera avec vous et pour vous, pour répondre ensemble avec vous, à vos préoccupations. Je serais candidat député, gouverneur sénateur ou président de la République, je vous tiendrais les propos ci-dessous pour commencer à changer les choses :

Ne votez pas pour moi parce que je suis votre frère.

Ne votez pas pour moi parce que votre frère vous le demande, après m’avoir garanti à moi, contre rétribution bien sûr, qu’il convaincrait sa base de voter en ma faveur.
Ne votez pas pour moi, de grâce, parce que je vous propose des dons, des cadeaux ou de l’argent. Si vous votez pour moi pour l’une ou l’autre raison citée ci-dessus, et bien, je ferai comme ceux qui ont géré le pays jusqu’à ce jour : Je me comporterai en propriétaire du pays parce que vous me l’aurez donné ou vendu. Je gérerai les ressources nationales comme mes biens personnels, sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit ;
Je ne me soucierai point de vos multiples et ennuyantes préoccupations qui, pour moi, ne seraient que des doléances de mendiants ;
Je donnerai à qui je veux pour me faire une bonne conscience et peut-être attirer de la sympathie de temps en temps ;
Je jetterai en prison ou punirai selon mes humeurs, tout celui qui oserait lever la voix pour me critiquer ou me donner des leçons ;
Je vous prendrai tout, jusqu’à votre dignité d’hommes, parce que j’aurai déjà tout acheté, si pas à vous-même, à votre frère dont vous êtes la base ;
Je me comporterai en maître absolu. Je serai le législateur, le juge et le chef qui fait ce qui lui plait ;
J’achèterai les consciences de ceux d’entre vous qui pourraient avoir une certaine influence sur vous pour qu’ils chantent jours et nuits mes bienfaits et oublient tout ce qu’ils prônent, prêchent ou enseignent …
Qu’en pensez-vous mes chers compatriotes ? Allez-vous vous entêter et voter pour moi pour l’une ou l’autre raison ci-dessus énumérée ?
Si vous le faisiez, vous ne sauriez point me juger, mais moi, soyez en sûrs, je vous garantirais cinq années de plus de la misère la plus noire, si l’idée de changer la durée du mandat ne m’était pas dans l’entre temps passé dans la tête.

Mes chers compatriotes, seuls vous les électeurs pouvez changer les choses en commençant par l’acte que vous allez poser le 28 novembre 2011, qui doit, cette fois ci, être responsable et muri.
Le seul conseil que je puis vous donner par rapport au candidat pour qui il faut voter, c’est de chasser tout celui qui viendrait solliciter votre voix parce qu’il est votre frère, a acheté votre frère, ou vous a acheté vous-même.
Voilà le candidat idéal et son discours que vous devriez accepter pour commencer à changer les choses dans notre pays.

Hélas, vous ne pouvez voter pour moi car je ne suis candidat à aucun poste, sinon celui de cette voix qui supplie ses compatriotes à voter utile au regard des difficiles moments que la République Démocratique du Congo traverse dans un environnement international qui ne lui est pas favorable.
J’ai vu la grandeur de notre pays sur terre, sur les eaux et dans les airs.
Assurons maintenant notre grandeur à nous citoyens congolais qui peuplons ce pays formidable dont la vocation est celle de devenir un géant en Afrique et dans le monde.

J’ai écrit ce texte pendant un vol reliant Goma à Kinshasa en date du 7 septembre 2011. C’est dire que des ailes peuvent donner des idées. Prenons donc des ailes pour nous élever et voter cette fois ci pour des candidats crédibles et enclins à travailler avec le peuple et pour le peuple.
A vous qui comprenez le sens de ce discours qui n’est peut-être pas à la portée de tous, je vous remercie de le partager avec tout le monde.
Il y va de l’intérêt de ce que nous avons en commun, au-delà de nos clivages : la République Démocratique du Congo.
Que vive la République démocratique du Congo.
Que vive le peuple congolais.

Julien MBIKAYI KATAYI « 

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