Mise en production du nouveau champ pétrolier Kaombo « l’arbre qui ne saurait cacher la forêt » en Angola

Le vendredi 27 juillet 2018, Total a démarré la production du projet offshore ultra profond de Kaombo, au large de la côte nord-ouest du pays, à 260 k

Expulsions des congolais en Angola : Des humanitaires alertent sur une nouvelle crise humanitaire dans les provinces du Kasai
Triple arnaque des opérateurs économiques sur le chemin de Lufu
Angola: 180 jours aux Angolais pour rapatrier les fonds déposés illégalement à l’étranger

Le vendredi 27 juillet 2018, Total a démarré la production du projet offshore ultra profond de Kaombo, au large de la côte nord-ouest du pays, à 260 km de Luanda, la capitale. Depuis cette semaine il est prévu qu’il produise environ 115 000 barils de pétrole par jour. Nombre d’observateurs estiment que c’est l’arbre qui cache la forêt, bref un nouveau mirage économique.

L’exploitation a démarré dans six champs (Gengibre, Gindungo, Caril, Canela, Mostarda et Louro) sur les douze découverts sur le bloc 32.Il a nécessité le forage de 59 puits sur une surface de plus de 800 km² dont certains se sont enfoncés à plus 1800 mètres. La mise en route de ce projet a nécessité un peu moins de 300 km d’oléoducs sous-marins pour relier le puits aux FPSO (bateau de stockage). Le lancement de l’exploitation dans la moitié des champs du bloc 32 angolais s’est fait alors que la production du pays, le deuxième producteur d’Afrique sub-saharienne après le Nigéria, est dans une tendance tournée vers la baisse d’après les données publiées dernièrement par l’Ecobank Research.

Un expert du CEDRHYC, Centre de recherche en hydrocarbure au Congo,  met en avant des similitudes entre la grave crise économique que connait actuellement le Venezuela et la situation qui prévaut actuellement en Angola. Ces deux pays ont été durement impactés, à l’instar d’autres pays producteurs de pétrole, par la chute des cours de l’or noir de 2014 et qui a donné lieu à une crise qui a duré jusqu’en 2017. Cet effondrement des cours et leur maintien à un très bas niveau ont eu de très lourdes conséquences sur leurs économies. Le secteur pétrolier représente 96 % des exportations et 50 % des recettes fiscales vénézuéliennes contre 95 et 70 du côté angolais.

Lancement des champs pétroliers considérés comme des mirages économiques

Après avoir été longtemps considéré comme un miracle économique à la fin de la guerre civile, au début des années 2000, la tentation est de parler de mirage économique lors qu’il s’agit d’évoquer l’Angola et ce malgré la remontée des cours du pétrole du pétrole brut. Les échos provenant du Venezuela ne sont pas du tout rassurants car le pays donne l’impression de s’enfoncer dans la crise jour après jour alors que la remontée des cours du pétrole brut aurait dû amorcer une embellie dans la situation économique du pays. Cela montre que le mal est bien plus profond. Il est à rappeler que le prix du baril de pétrole doit être à 85 dollars américains pour que le budget de l’Etat soit à l’équilibre du côté de Luanda et à 50 du côté de Caracas.

L’étude  de la situation angolaise, selon l’analyste pétrolier congolais, permet de dégager trois grandes raisons qui ont conduit le pays dans sa situation actuelle; sous-investissement, endettement et timide réforme.

Le sous-investissement de la société nationale pétrolière

Aussi bien au bord de la mer des Caraïbes que de du sud de l’océan Atlantique, les recommandations ont longtemps été les mêmes. A savoir le sous-investissement dans leurs industries pétrolières respectives alors qu’elles ont une importance capitale dans les économies des deux pays. On reprochait aux deux pays de ne pas prendre en compte la détérioration naturelle des champs pétroliers avec le temps et l’usure des installations. La bonne santé économique de ces deux pays et les bons résultats des sociétés pétrolières nationales n’étaient soutenues que par les cours élevés du pétrole brut. La crise pétrolière de 2014-2017 a mis au jour les insuffisances dans les investissements et les sociétés nationales (SONANGOL en Angola et PDVSA au Venezuela) tout comme les économies nationales ont tout de suite connu des difficultés.

L’endettement excessif de Sonangol

L’endettement de la sociéténationale pétrolière angolaise entraine une saignée à blanc du patrimoine de la Sonangol ou une augmentation de la charge comptable parce que la société nationale est utilisé comme garantie voire débiteur de l’Etat pour le compte de ses créancier. Cette situation a entrainé un service de la dette assez lourd comme l’a sous-entendu l’actuel PDG de la Sonangol Carlos Satumino dans sa dernière conférence de presse en disant que la société est malade, qu’elle a des défis à relever mais qu’elle essaye de se soigner, de regagner du muscle et avec le temps pouvoir courir et sprinter à nouveau.

Nécessité  de grandes réformes

Le président Lourenço qui lors de la campagne présidentiel se décrivait non comme Gorbatchev mais plus comme Deng Xiaoping – un réformateur économique plutôt que politique. Son talent de réformateur a déjà été mise en branle avec la réforme du secteur pétrolier du 17 mai 2016. La reforme a introduite des incitations fiscale pour rendre attrayant la découverte et l’exploitation de champ notamment celle dit marginale. Elle a entrepris d’alléger au plus la trésorerie de société de l’amont pétrolier avec de diminution du délai de remboursement de travaux pétrolier. Cette allègement est venu répondre aux avis de professionnels du secteur jugeant l’ancienne fiscalité angolaise comme très complexe voir rébarbatif. A ce jour le résultat de cette réforme se font à peine sentir le déficit de la balance fiscale se résorbe mais demeure toujours négative.

Angola peine toujours à augmenter son attractivité par rapport notamment au Nigeria mieux classé par rapport à la notation de MOODY S B2 stable pour Lagos contre B3 stable pour Luanda.

Aldo Kamwanga, analyste pétrolier

 

COMMENTS

WORDPRESS: 0
DISQUS: 0
WP Radio
WP Radio
OFFLINE LIVE