Élections 2023 en RDC: Rôle de chaque acteur pour garantir le droit civique des femmes et jeunes filles.

Élections 2023 en RDC: Rôle de chaque acteur pour garantir le droit civique des femmes et jeunes filles.

La participation à la vie politique des femmes est un droit garanti par plusieurs conventions internationales. Pour faire de ce droit abstrait une réa

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La participation à la vie politique des femmes est un droit garanti par plusieurs conventions internationales. Pour faire de ce droit abstrait une réalité, ça demande un engagement de tous. A la veille de l’année électorale en RDC, des parties prenantes ménagent leur monture pour assurer un avenir meilleur au pays. La participation des femmes à la vie politique étant faible, des associations des défenses de droits des femmes, des partis et regroupements politiques et des institutions d’appui à la démocratie, se préparent à jouer chacun son rôle afin d’élever le pourcentage de femmes aux postes de prise de décisions politiques.

Les Osc, véritables boosters des femmes.

En RDC, la majorité de femme n’ayant pas beaucoup de ressources sont souvent soutenues par des associations qui mettent sur pied des programmes de sensibilisation et formation afin de les aider à élever leur niveau et à les booster pour plus de dynamisme et de confiance en elles.

Serge Ndongo, chargé des projets de la Coalition des femmes pour la paix et le développement (CFPD) une organisation de la société civile, indique que son ONG travaille aussi sur la participation politique des femmes.

“Nous sommes membre du Forum régional de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Dans ce cadre, nous travaillons sur la participation politique des femmes dans les instances de prise de décisions et à tous les niveaux. C’est pourquoi, nous avons un programme pour accompagner les femmes candidates aux élections”, confia-t-il.

D’après Serge, il y a effectivement un programme qui sera mis en œuvre durant ce mois d’octobre en cours après la réunion régionale qui va lever l’option pour son opérationnalisation. Et déjà, poursuit-il “nous sensibilisons les femmes et jeunes filles sur la participation politique”, informe-t-il.

A lui d’ajouter,…

Nous avons un programme de participation politique des femmes (WPP) conduit par le consortium mis en place par International Institute for Democracy and Électoral Assistance mené en partenariat entre le caucus des femmes leaders et IFAN Cheikh Anta Diop au Sénégal. Un vaste programme qui s’exécute au Sénégal, Côte d’ Ivoire et en RDC par la CFPD.

Parlant de ce programme, Serge Ndongo informe qu’ils auront à organiser 3 grands ateliers dont l’atelier d’échanges avec les femmes politiques et des institutions, pour une participation accrue des femmes dans les sphères de prise de décision.

Après il y aura des séances de sensibilisation avec des femmes pour s’engager à tout le niveau aux échéances prochaines en RDC. Et à la fin, un atelier avec les acteurs de la scène médiatique, ensuite un atelier de dialogue intergénérationnel.

« Dans le cadre de la participation politique, nous avons déjà vulgarisé les 25 indicateurs de la résolution 1325. Nous avons organisé aussi le coaching et le mentorat des femmes politiques. Nous avons même formé les femmes des partis politiques sur le leadership féminin”, précise le chargé des programmes de la CFPD.

Les partis politiques, la clé de la participation politique des femmes.

Les deux chambres du parlement ont révisé la loi électorale dont l’article 13. La loi révisée a été promulguée par le Chef de l’Etat et publiée dans le journal officiel en date du 29 juin 2022. L’article 13 de la loi électorale à son alinéa 3, stipule que “la liste qui aligne 50% au minimum de femmes dans une circonscription électorale, est exemptée au paiement de cautionnement”.

Dans l’esprit de l’article 13, il revient aux partis politiques de faire le choix car ce sont eux qui choisissent les candidates aux élections et décident de l’agenda politique du pays. Même si les femmes sont généralement bien représentées dans les partis ou regroupements politiques bien qu’à des rôles subalternes, elles sont cependant sous-représentées aux postes de pouvoir.

Selon Mme Christine Feza, Présidente ad intérim du Regroupement Politique Alliance pour l’Avenir (AA/a), son regroupement politique a soutenu et a encouragé plusieurs femmes à postuler en 2018.

Actuellement, il continue à organiser des formations pour les femmes membres des partis politiques du regroupement AA/a. Ces formations sont, selon elle, focalisées sur la représentativité des femmes dans la politique ainsi que sur la gestion de la chose publique.

“Au sein de notre regroupement politique, nous organisons des rencontres et des sensibilisations à l’intention des femmes. Cela consiste à les éveiller de manière à ce qu’elles suivent les informations sur le processus électoral, le mode électoral, sur la loi qui a été récemment révisée surtout que cette loi se penche au gender”, explique Feza Motema.

Parlant de la sensibilisation, l’élue du district de Lukunga confie qu’ils appellent les femmes à se donner, à s’intéresser à la politique de manière active connaissant que ce n’est pas au hasard que les partis politiques vont aligner les femmes.

Pour elle, il faudrait que les femmes et filles soient d’abord dynamiques au sein de leurs partis et regroupements politiques.

C’est un travail que nous faisons déjà en amont parce que les femmes doivent être sensibilisées. Dans notre regroupement, il y a d’autres formations qui sont prévues étant donné que nous sommes déjà en pleine année pré-électorale”, poursuit-elle et d’ajouter; “Dans le passé nous avons déjà eu à faire cela. C’est un travail de longue haleine et nous continuons à le faire”, rassure-t-elle.

La CENI pour une représentation de la femme qui reflète sa taille et son poids démographique.

Actuellement sur 500 députés nationaux, 49 seulement sont des femmes.  La question de la sous représentation de la femme aux élections est également le souci majeur de la Commission Électorale nationale Indépendante de la Rd Congo.

A en croire Denis Kadima, la Ceni s’est engagée à résoudre le problème de la sous représentation des femmes aux élections de 2023. Il a tenu ces propos lors de la réunion préparatoire en prélude du lancement du cadre de concertation qu’il avait presidé avec la composante femme dans le cadre du processus électoral en cours, ténue en mars dernier, sous le thème, “genre, diversité et élections”.

Lors de ces assises, le président de la ceni a réitéré la volonté de son institution à faire de la problématique de l’inclusion électorale des femmes le sien. Il a appelé les femmes à proposer des meilleures pistes de solution au sein du cadre de concertation pour lutter contre l’inégalité Homme-Femme sur la scène politique.

“Nous sommes persuadés que la question de l’inclusion particulièrement de la femme est une question de droits de l’homme et de la démocratie. Si nous ne le faisons pas, nous aurons violé un droit fondamental de l’homme et nous aurons violé une notion essentielle de la démocratie. Nous allons travailler ensemble dans ce cadre de concertation pour arriver à identifier les problèmes qui empêchent, non seulement la participation mais aussi la représentation des femmes et filles”, se confie-t-il.

“Nous ne voulons pas nous limiter à la participation seulement, c’est-à-dire, voter pour d’autres personnes, nous voulons aussi voir la représentation de la femme refléter sa taille et surtout, son poids démographique. Et vos idées dans ce cadre de concertation sont les bienvenues », a déclaré Denis Kadima.

La constitution de la République démocratique du Congo dans son article 14 évoque la parité Femme- Homme, celle-ci dans tous les domaines. La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes quant à elle défend leur droit à prendre part à la vie publique et le programme d’action de Beijing appelle à l’abolition des obstacles à la participation équitable. Quant aux objectifs du Millénaire pour le développement, ils mesurent entre autres les progrès en faveur de l’égalité des sexes par la proportion des sièges parlementaires occupés par des femmes.

Il est alors important que les femmes ayant des ambitions politiques puissent développer leurs compétences; les Osc de défense de droits des femmes, les partis et regroupements politiques devraient chacuns jouer sa partition pour promouvoir l’égalité de sexe dans les instances de prise de décisions politiques.

Pour sa part, Sephora Biduaya Vice présidente nationale de la ligue des jeunes chargée des mouvements, associations et genre de l’Udps (Union pour la démocratie et le progrès social), renseigne qu’à l’Udps tout est mis en œuvre pour encourager, attirer et à pousser les femmes à s’engager dans la politique. Pour celles qui sont déjà membres, on les pousse à mûrir leurs ambitions tout en bénéficiant de l’accompagnement du parti.

« Le président du parti avait créé dans son cabinet un département, une cellule chargée de l’égalité entre hommes et femmes”, explique-t-elle.

“Cet organe participe dans toutes les réunions de prises de décisions du parti pour se rassurer de l’équilibre en termes de quota genre”, indique Sephora et d’ajouter « c’est un exemple que d’autres partis peuvent suivre aussi.

Mme Sephora affirme que ce cadre permet aux femmes de se créer une nouvelle image. Ça constitue aussi un espace d’expression des ambitions des femmes afin de participer directement aux instances de prises de décisions.

“L’état doit veiller à la mise en oeuvre de la parité Homme-femme”

Pour Maître Régine Onema, en ce qui concerne les listes des partis politiques, bien que la loi électorale n’est pas contraignante, la Ceni est appelée à persuader les partis politiques à aligner 50% de femmes sur leurs listes des candidats, tout en insistant du fait que les partis politiques pourraient faire des économies pour la campagne.  Il faut prendre des mesures pour mettre en application la loi sur la parité.

Maître Onema indique que le principe de la parité homme-femme est prévu à l’article 14 de la Constitution en ces termes: « l’État garantit la mise en œuvre de la parité homme-femme ». Pour elle, cette disposition est une norme d’organisation qui oblige l’État à veiller sur la mise en œuvre de la parité entre l’homme et la femme.  Et cela doit se faire ressentir aux élections prochaines.

Dans la suite de l’article 14 de la constitution il est dit que, la femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales. Or cette représentation est une manifestation de la parité. C’est pourquoi, Me Onema estime que même si la loi électorale dans son article 13 n’est pas contraignante, la Ceni ainsi que les partis et regroupements politiques devraient retenir que, “Si la femme n’est pas représentée équitablement dans chacune des institutions énumérées, toute femme peut se plaindre pour violation de son droit constitutionnel à la représentation équitable et subsidiairement pour violation du principe de la parité”, explique-t-elle.

Pétronelle Lusamba, JDH

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