Message de Son Excellence Monseigneur José Bernard LIKOLO à la population de la Province de la Mongala à la veille des élections de décembre 2023

Message de Son Excellence Monseigneur José Bernard LIKOLO à la population de la Province de la Mongala à la veille des élections de décembre 2023

  Message de Son Excellence Monseigneur José Bernard LIKOLO Bokal’Etumba, Evêque de Lisala, à la population de la Province de la Mongala à la

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Message de Son Excellence Monseigneur José Bernard LIKOLO Bokal’Etumba, Evêque de Lisala, à la population de la Province de la Mongala à la veille des élections de décembre 2023.

«  Tenez-vous prêts…. » (Mt 24,44)

Préambule

Chers frères et sœurs, mongalaises et mongalais

«  … à vous, grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ » (Rm 1,7b)

  1. C’est après deux ans du ministère épiscopal au diocèse de Lisala dont la quasi-totalité de son territoire se trouve dans la province de la Mongala, particulièrement dans la ville de Lisala où je réside, siège des institutions provinciales, que je me sens dans l’obligation de m’adresser à vous comme Pasteur, pour la première fois en ce moment décisif pendant lequel nous allons décider sur notre destin commun et celui de notre chère province.
  2. Les échéances électorales ont déjà commencé à se déployer bien qu’il y ait encore des inquiétudes qui planent sur l’organisation de son processus afin que les élections soient libres, inclusives, transparentes et apaisées, comme le souhaite chacun de nous ( Pour des élections crédibles. Peuple congolais réveille-toi de ton sommeil ! (Rm 13,11). Message de la 60ème Assemblée de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), du 22 juin 2023, n° 9-10.20). L’arrivée dans nos villes et contrées des candidats et candidates (ou leurs émissaires) pour le dépôt des candidatures nous a déjà plongé dans l’ambiance électorale. Elle nous appelle à nous tenir en éveil et, surtout, à nous y préparer en conséquence.
  3. Au cours de ce processus électoral, le vote constitue l’un des actes fondamentaux que nous allons poser ; acte par lequel, nous montrerons manifestement que nous sommes le souverain primaire et que nous déléguons, par le fait même, notre pouvoir aux élus. J’aimerais préciser d’emblée que « déléguer le pouvoir » ne signifie pas s’en débarrasser, s’en désintéresser. Il nous reste le pouvoir de contrôle et de suivi, voire de sanction –si cela s’avérait nécessaire–, entre autres par le truchement de la société civile.
  4. C’est pourquoi, il nous faut aller aux élections avec plus de lucidité et d’objectivité afin de choisir et de nous doter des autorités réellement au service de la population, compétentes, et d’une probité morale qui nous convainc. Le vote est un devoir à la fois citoyen et chrétien. Autrement dit, le vote est aussi pour tout un chacun de nous –pour un chrétien de surcroît – l’une des manières de non seulement participer à l’édification d’une société juste et prospère, mais aussi de bâtir dès ici-bas le Royaume de Dieu, même si celui-ci ne se confond pas avec les projets de la société humaine. ( Catéchisme de l’Eglise catholique, Médiaspaul – Librairie Editrice Vaticane, Kinshasa, 1994, n° 2240).
  5. Les élections de 2023 nous appellent à plus de vigilance afin de ne plus enregistrer des « rendez-vous manqués » comme nous instruisent les échéances électorales passées, marquées par des résultats ne correspondant pas à la vérité des urnes et des choix parfois de personnes sans compétence! C’est ainsi qu’il est impérieux de jeter un regard rétrospectif sur ce passé – de notre Province de la Mongala, précisément– en vue de bien baliser l’avenir, en en sauvegardant les acquis et en en évitant la réédition des erreurs.

Constats

  1. Il convient d’abord d’apprécier à sa juste valeur l’aspiration tant des autorités que de la population à édifier une Mongala prospère, où tous et chacun vivent en paix. Citons-en notamment les aspirations à :
  • voir la Mongala prendre son essor comme les autres provinces de la RDC ;
  • vivre dans une province unie, malgré les diversités de ses habitants ;
  • une gestion saine de la « res publica » ;
  • une justice équitable et distributive ;
  • la non-politisation de l’administration publique ;
  • à respecter la personne humaine et ses biens ;
  • acquérir les infrastructures de base (routes, écoles, hôpitaux…) pour le développement de la province…
  1. Mais, hélas ! Bon nombre de ces aspirations ne sont plus aujourd’hui que des purs souhaits, des désirs inassouvis, des attentes déçues. Déception ! Il est dans ce sens déplorable de constater la persistance de certaines pesanteurs qui empêchent la Mongala d’amorcer son décollage. Citons à titre illustratif :
  • le manque d’unité et de cohésion entre les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire ;
  • l’esprit de travail pour le profit personnel, à tous les niveaux ;
  • les zones d’ombres et le brouillage autour de la réalisation de certains projets en faveur de la province, le cas de la construction de l’aérogare, le projet du développement de 145 territoires, des travaux antiérosifs dans la ville de Lisala, à Bumba et à Bongandanga … ;
  • les conflits parfois manifestes opposant les leaders politiques tant nationaux que provinciaux, entrainant la rivalité entre leurs fanatiques respectifs ;
  • l’insécurité grandissante presque dans toute l’étendue de la province, surtout dans la ville de Bumba, où l’on compte des corps retrouvés sans vie presque chaque semaine ;
  • les conflits intercommunautaires, surtout dans les milieux ruraux ;
  • l’entretien par les politiciens des jeunes désœuvrés communément appelés « base », auteurs des actes ignobles contre la population et se livrant souvent aux combats non seulement sanglants mais aussi occasionnant des pertes en vie humaine ;
  • la recrudescence de vols, surtout à mains armées ;
  • le manque d’autorité de l’Etat, la quasi-inertie de la justice et des forces de l’ordre public ;
  • L’exploitation sauvage et illégale des ressources naturelles ;
  • l’incompétence de certaines autorités politico-administratives ;
  • la politisation à outrance de l’administration provinciale, territoriale…
  • l’état déplorable des certaines infrastructures de base pour le développement (routes, hôpitaux, écoles…)
  1. C’est du tableau sombre ainsi peint par ce constat qu’il faille ressortir le profil des candidats pour qui nous allons voter, capables de relever les différents défis qui s’y profilent. C’est pourquoi, je vous adresse ces quelques recommandations.

Recommandations

A nos futurs élus, aujourd’hui candidats aux élections

  1. J’aimerais vous rappeler que, selon la doctrine sociale de l’Eglise, la politique est la forme la plus haute de la charité. L’Eglise n’entend pas par-là que vous vous serviez de vos émoluments ou que vous vous appropriez la réalisation des projets de développement destinés à la province ou encore des recettes de province, et ainsi vous faire passer pour des bienfaiteurs. Il s’agit plutôt, pour vous, d’œuvrer pour l’unité et l’harmonie du pays, comme un service gratuit. Plus concrètement, il est question de mettre sur pieds des institutions et des structures dont vous serez les animateurs, pour le bien de tous, en commençant par les moins nantis. C’est ainsi qu’il vous incombe d’être au service de biens communs.

Aux anciens élus qui postulez de nouveau

  1. Nous renouvellerons notre confiance seulement à ceux et celles qui ont bien servi le pays et nous sanctionnerons sévèrement ceux et celles qui ont mal géré en servant leurs propres intérêts (cf. Pour des élections crédibles, n° 14).

Aux nouveaux candidats

  1. Nous vous jugerons selon « les critères objectifs de compétence et de probité morale » (Cf. Pour des élections crédibles, n°14).

Aux mongalaises et mongalais

  1. Je me fais le relais de ce que, nous Cardinal, Archevêques et Evêques avons dit à Lubumbashi, nous adressant au Peuple congolais et j’en appelle à votre sens de responsabilité en tant que souverain primaire ( Pour des élections crédibles, n°15):
  • Non aux opportunistes et aux versatiles qui changent de camps à la recherche des intérêts personnels ;
  • Non à ceux qui prennent comme suppléants les membres de leurs familles ;
  • Non à ceux qui postulent à tous les niveaux ;
  • Non aux tribalistes et aux népotistes ;
  • Non à l’achat de consciences.

Surtout ! Qu’aucun propos ni discours susceptible de vous dresser les uns contre les autres au nom des diversités linguistique, clanique, ethnique… qui vous caractérisent, ne puisse être tenu ni suivi. Aux tenants de ce genre de langage, opposez la fraternité, l’unité et la solidarité ! Vivez dans la communion fraternelle et dans la vérité.

Conclusion

« Tenez-vous prêt… ». Que le Seigneur vous bénisse tous et chacun et que par l’intercession de la Vierge Marie, Notre Dame du Perpétuel Secours, obteniez tout ce dont vous avez besoin pour vous tenir en éveil.

Donné à Lisala, en notre curie épiscopale, le vingt-quatrième jour du mois d’Août de l’année du Seigneur deux mille vingt-trois, la deuxième de notre épiscopat.

Mgr. José-Bernard LIKOLO Evêque de Lisala et Administrateur Apostolique de Molegbe

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