Le Général Defao : « Ma ronde planétaire se limitera le jour où la musique va me quitter « 

Parti du pays depuis 1998 pour s’installer en Afrique de l’Est, la star congolaise de la chanson, le Général Defao, Matumona Lulendo de son vrai nom,

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Parti du pays depuis 1998 pour s’installer en Afrique de l’Est, la star congolaise de la chanson, le Général Defao, Matumona Lulendo de son vrai nom, est rentré à Kinshasa le dimanche 4 août 2019. Le public Kinois l’a chaleureusement accueilli. Les mélomanes congolais, fans du chanteur, ont manifesté leur joie de revoir leur idole revenir à Kinshasa, ville qui l’a propulsé au firmament de son succès.

Pour répondre à la curiosité de nos lecteurs, nous l’avons rencontré il a parlé de son exil musical et de son retour au pays.

Le Général Defao, à son arrivée à Kinshasa

Diacenco : Presque 21 ans d’absence à Kinshasa, le Général Defao est de retour. Êtes-vous ravi de revenir au pays ?

Général Defao : Très satisfait. Quelqu’un qui va à la chasse ou au champ a toujours été content lorsqu’il regagne le village et trouve les siens.

Avez-vous constaté l’absence de certains de vos collègues qui sont morts ?

J’ai beaucoup souffert moralement quand j’ai appris leur disparition. C’est pourquoi, j’ai fait la ronde de cimetières pour m’incliner devant leurs tombeaux et déposer des gerbes de fleurs, notamment Papa Wemba, Nombe Opetum, Kester Emeneya, Tabu Ley, Simaro Lutumba, …  

Les mélomanes attendent le programme de concerts dans la capitale ?

G.D. : Je suis rentré chez moi sous les auspices d’un producteur, Jules Nsana. Il est la seule personne à rendre public, le programme de mes prestations scéniques. Toutefois, nous avons commencé par la province du Kongo Central où Big Stars a joué le dimanche 1er septembre dernier à Kisantu.

Est-ce que Defao mérite-t-il encore l’appellation le « Dur à Cuire » sur scène, comme vers les années antérieures, avant 2000 ?

L’expérience m’ayant rongé le corps qui est depuis mon enfance le siège de la musique, mes articulations restent disciplinées à mes pas de danse. Tout mouvement ou geste qui sort de moi attire encore et toujours le public. Je suis comme une aiguille régulièrement entretenue à bon escient, pour qu’elle ne soit pas rouillée. Jusque-là, Defao reste le « Dur à Cuire », une bête de scène imbattable. Renseignez-vous auprès du public présent au concert, il vous dira de quoi j’étais capable.

Defao, le Dur à cuire

Malgré l’âge ? 

Oui ! Je suis rodé pour ça. Malgré l’âge, un chevalier de la plume ne peut jamais oublier la formulation d’un article d’actualité.

Les musiciens qui vous accompagnent sur scène sont-ils de la nouvelle équipe de Big Stars ou d’une sélection d’artistes venus de partout ?

J’ai un groupe qui s’appelle Big Stars et qui travaille depuis plusieurs années sur place à Kinshasa, ils ont maitrisé le répertoire de l’orchestre. S’il faut réussir, je préfère le faire avec ces jeunes et s’il s’agit d’échouer, c’est toujours avec eux. Mais, l’échec sur le podium où en studio n’a jamais été sur ma route. J’écoute, je regarde, je corrige avant d’y arriver. C’est avec ces jeunes aussi aguerris que « le Dur à Cuire », la bête de scène, le Général Defao va créer un socle historique sur le podium lors de ses productions.

Le Général Defao en exil, comment pouvez-vous expliquer ça ?

Le Général Defao enfin à Kinshasa

Oui, le chanteur Defao Matumona Lulendu était en exil musicale en dehors de nos frontières. C’est vers les années 95 que je sentais déjà que la musique congolaise était menacée par plusieurs fléaux, notamment le piratage des œuvres phonographiques, la réduction de la présence du public au concert et le nombre de ceux qui payaient le droit d’entrée semblait être sensiblement moindre, les producteurs se faisaient rares, on ne parvenait plus à vendre le disque comme avant où nos 45 et 33 tours s’écoulaient comme de petits pains. Aujourd’hui, nos disques sont réservés aux chaînes de radio et de télévision, aux boîtes de nuit, bars et terrasses du coin. Les producteurs d’hier n’existent plus, ils ont changé de business. Qui peut prétendre avoir vendu plus de 1000 exemplaires d’un album sur place au pays ? Je dis non !

Avant, chaque groupe musical jouait au minimum 8 concerts par mois, en raison de 2 par semaines. Mais il y avait d’orchestres qui atteignaient 12  productions le mois et les recettes n’étaient pas aussi moindres. Dis-moi, si aujourd’hui il y a un groupe musical qui peut se produire ne fut-ce que 4 fois le mois, en raison d’un concert la semaine. C’est à compter sur les bouts des doigts.

Ayant vu l’arrivée proche de la période de la vache maigre, j’ai décidé d’aller chercher l’asile musicale dans l’Est du continent où la musique congolaise  dictait encore sa loi, où le public avait encore le sens d’acheter et non de tout copier. Un concert bien préparer rapporte à l’organisateur ce qu’il a dépensé pour produire l’artiste. Voilà en quelques mots le but de mon exil qui d’ailleurs m’a permis de sillonner le monde et comprendre davantage comment fonctionne la société musicale sous d’autres cieux.

Et si la politique s’y mêle ?      

Je ne suis pas politicien, je n’appartiens à aucun mouvement politique. Mon parti, c’est l’orchestre Big Stars. Mon idéologie, c’est la Rumba, le Ndombolo, le Suabiutu, etc. Celui qui veut m’amener sur ce terrain doit tenir compte de ça.

C’est un retour définitif au pays du Général Defao ?

L’obligation de séjourner hors de mon pays, loin d’un public que j’aime était liée à mon travail. Je suis là, demain je peux sortir pour honorer de nombreux contrats signés pour l’année en cours. Je suis obligé ! Je suis congolais et j’y resterai.

De contrats à travers l’Afrique, l’Amérique où l’Europe ?

Le Général Defao, pour la sape, la concurrence n’y est plus

C’est comme vous le dit, ma ronde planétaire se limitera le jour où la musique va me quitter et aussi, le jour où je quitterai ce monde. A ce moment-là, on ne m’invitera plus.

Et si l’Angola vous tendait la main pour quelques productions ?

De producteurs de Luanda me font déjà les yeux doux. Si tout va bien, je n’échapperai pas au public angolais qui veut aussi me voir sur scène.

Un mot pour terminer ?

Il est temps pour moi de retourner au pays. J’en profite pour remercier S.E. Monsieur le président de la République, Félix-Antoine Tshilombo et son directeur de cabinet, Vital Kamerhe pour leur apport, ainsi que le producteur Jules Nsana pour son initiative. A mes fans et supporteurs qu’ils soient calmes, ils seront régulièrement en communion avec leur idole. Et, ils ne seront pas déçus.

Gel Boumbe

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