Brice Arsène Mankou : La diaspora n’est pas un problème pour le Congo, mais une solution dans une situation de crise

 L’Ambassadeur de la République du Congo en France, M. Rodolphe Adada, a initié une formation de renforcer les capacités des diplomates sur la gestion

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 L’Ambassadeur de la République du Congo en France, M. Rodolphe Adada, a initié une formation de renforcer les capacités des diplomates sur la gestion des projets au bénéfice des diplomates et personnel de son Ambassade à Paris, en sollicitant l’Institut de Formation aux Métiers de la Ville (IFMV) que préside M. Brice Arsène Mankou.  A l’issue de cette formation, son animateur a accordé une interview exclusive à l’Agence catholique de presse DIA. Il a parlé « Gestion stratégique des projets », de l’IFMV et de l’ENAP/Québec, de la diaspora congolaise qui doit cesser d’être perçue et assimilée souvent à tort comme des opposants au gouvernement et de la première dame du Congo, d’Antoinette Sassou-Nguesso. Suivez :

Ils ont bénéficié de la formation à l’Ambassade du Congo à Paris

DIA : Vous venez de réaliser des séances de formation du personnel de l’Ambassade du Congo en France. Est-ce votre initiative ou une demande du Gouvernement Congolais ?

Brice Arsène Mankou : Je voudrais d’abord remercier l’Agence catholique de presse  DIA et son correspondant pour cette opportunité qui m’est offerte. Ensuite, je vous dirai que ce programme de formation sur la gestion stratégique des projets du personnel de l’Ambassade du Congo à Paris en France, est une initiative de l’Ambassadeur, M. Rodolphe Adada qui a sollicité l’Institut de Formation aux Métiers de la Ville (IFMV) que je préside, pour animer cette formation intitulée : « Gestion stratégique des projets ».

Ce module, est une réponse à la demande de l’ambassade du Congo en France. Nous l’animons souvent ici en France auprès des élus locaux qui travaillent sur des projets de solidarité internationale et de développement et des projets européens.

De quelle formation s’est-il agit et pour quel but poursuivi ?

Cette formation pratique était consacrée à la gestion stratégique des projets dans l’optique de renforcer les capacités des diplomates sur la gestion des projets. A travers une andragogie alliant apports théoriques et pratiques, il s’est surtout agi de partir de leurs expériences de diplomates pour arriver à transformer leurs idées en projets concrets susceptibles de faire rayonner le Congo au-delà de ses frontières matinales, car c’est l’essence même de la diplomatie.

Un autre objectif était d’amener le personnel et les diplomates de l’Ambassade du Congo en France qui est la plus grande représentation diplomatique à travailler en mode projet, à travers la description d’un cycle projet afin de faire des diplomates, des agents capables, non seulement de concevoir des projets, mais d’être force de proposition dans l’analyse des projets présentés aussi bien par les partenaires et amis du Congo que par les Congolais de l’étranger.

 Et après, y-a-t-il  un Certificat de Qualification Professionnelle ?

A l’issue de cette formation pratique que je dispense à l’Ecole Nationale d’Administration Publique du Québec (ENAP), les diplomates et le personnel ont reçu un certificat en gestion stratégique qui pourra permettre à ceux d’entre eux qui veulent aller plus loin, d’être inscrits à notre double diplôme universitaire ENAP-IFMV en gestion stratégique des projets délivrés par l’ENAP du Québec, qui est un partenaire de l’IFMV puisque les deux instituts sont liés par une convention.

 Le personnel et les diplomates sont-ils satisfaits et  avez-vous un retour de leur part ?

Lors de la clôture de ce séminaire, j’ai été sensible par le discours de Monsieur l’Ambassadeur du Congo en France, son Excellence Rodolphe Adada. Il a eu des mots très aimables à l’endroit de notre institut.

Les diplomates se sont engagés à proposer un projet de redynamisation et de réhabilitation de la route des esclaves de Louango pour la faire connaître comme l’Ile de Gorée au Sénégal et la Porte des Esclaves de Ouidah au Bénin.

Que ressentez-vous de l’engagement des diplomates ?

François Hollande et Brice Arène Mankou

Cet engouement spontané de leur part prouve à suffisance que cette formation a été non seulement utile mais aussi très attendue par l’ensemble des diplomates. En ce qui nous concerne, nous sommes heureux et nous allons proposer ce module à l’Ambassade du Congo en Belgique sur les projets européens, en Italie et en Allemagne.

Le module étant sans doute pertinent, n’allez-vous pas l’étendre sur l’ensemble de l’administration et structures du Congo ?

Bien sûr, vous savez, mes étudiants qui s’inscrivent chaque année à ce cours que je dispense au Québec, viennent du monde entier et, ils déboursent chacun 4 000 $.

Ce module de formation peut-être une chance pour les administrations du Congo dont le pays attend de conclure un accord avec le FMI. Arrimer l’administration congolaise à la gestion stratégique des projets, me semble un challenge pour l’IFMV, car l’enjeu est d’aider l’administration publique de mon pays d’origine pour sortir de la logique de la fonction publique des projets. Ce qui fera du fonctionnaire non plus un simple administrateur, mais désormais un manager de projets.

Nous allons, dans les jours à venir, proposer notre projet au gouvernement du Congo à travers son Chef, M. Clément Mouamba.

Vous êtes, un des Congolais de la diaspora activement impliqués dans la recherche de solutions pouvant impacter le bien-être des citoyens congolais. Un mot sur cette sorte de vocation ?

Macron et Sassou en très bonnes relations

La diaspora congolaise doit cesser d’être perçue et assimilée souvent à tort comme des opposants au gouvernement. Je voudrais dire aux autorités congolaises que la diaspora n’est pas un problème pour le Congo, mais une solution dans ce contexte de crise. Ainsi, pour répondre au bien-être social des Congolais, je fais la proposition suivante au Chef de l’Etat, Denis Sassou-Nguesso et au Ministre des Congolais de l’étranger, Jean-Claude Gakosso. Pour permettre  de soulager les Congolais confrontés aux difficultés sociales de tout genre, de nous offrir un container, qu’on appelle container du Chef de l’Etat, à la diaspora qui permettra d’acheminer au Congo, tous les produits de première nécessité dont les Congolais ont tant besoin.

Des produits de première nécessité pour vos familles ?

Mais attention, je mets en garde la diaspora, de ne pas privilégier leurs familles restées au pays, mais de penser aux Congolais du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest.

On pourrait alors chaque année agir sur les douze départements du Congo et ainsi, nous serons comme les membres de la diaspora du Mali et du Cameroun qui travaillent d’abord pour leur pays.

Avez-vous le soutien des autorités congolaises dans cette optique ?

Oui ! A Brazzaville, le Ministre des Affaires étrangères et des Congolais de l’étranger, Son Excellence Jean-Claude Gakosso, a salué l’initiative et nous encourage à multiplier cette formation auprès des diplomates. Nous allons le faire aussi auprès d’un certain nombre de ministères dont celui des Affaires Etrangères et des Congolais de l’étranger, ainsi qu’auprès des cadres du Ministère de l’Enseignement Primaire, Secondaire, chargé de l’alphabétisation. Le même programme se fera auprès des Présidents des départements du Congo et des élus locaux etc.

Vous venez de publier un livre qui évalue l’action sociale de l’épouse du Chef de l’Etat, Antoinette Sassou-Nguesso. Quelle en est la synthèse ?

Ce livre qui vient de paraître, le jour de la fête internationale des droits de la femme, est intitulé : « L’action sociale des premières dames africaines, le cas d’Antoinette Sassou-Nguesso ».

En résumé, c’est un essai sociologique sur l’action sociale, telle que Max Weber la définit. La première dame est l’une des épouses de Chef d’Etat qui, en 1984, a créé la première fondation d’utilité publique en Afrique Francophone. Nous saluons, à travers cet hommage, l’action sociale de la première dame du Congo, marraine de tous les départements de notre pays. Elle est la première dame à expérimenter ce que j’appelle « la diplomatie de l’action sociale ».

Pensez-vous que l’expérience de la Fondation Congo Assistance peut-être capitalisée au profit des populations congolaises démunies ? Peut-elle être exportée à travers le reste du continent africain ?

Oui, l’expérience de Congo Assistance, à travers l’action sociale de sa présidente, Madame Antoinette Sassou-Nguesso est atypique et inédite. La première dame du Congo a fait de la diplomatie de l’action sociale, son cheval de bataille. A titre d’exemple, elle a inscrit la Drépanocytose dans l’agenda international.

Elle s’est illustrée en menant des plaidoyers contre le Sida, le Cancer, le Paludisme et surtout, elle a mis en place le premier établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) à Mfilou Ngamaba.

Elle a aussi expérimenté la question du maintien de la paix en conduisant des missions de médiation de la paix. Cette expérience peut évidemment être exportée à travers le reste du continent africain.

Pensez-vous que ces initiatives aussi louables, seront-elles saisies par l’espace Francophone ?

Nous devons, à travers la diplomatie de l’action sociale, faire de l’espace Francophone, un lieu d’expérimentation de l’action sociale en créant un fonds dédié au financement des projets liés à la santé, à l’éducation et à la lutte contre la pauvreté.

C’est à ce titre qu’on parlera de la Francophonie en acte qui permettra, une véritable solidarité dans l’espace Francophone.

Propos recueillis Franck Kiziboukou, notre correspondant à Paris

 

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