Hommage aux victimes de la marche du 21 janvier. Abbé Luyeye : « Nous avons le devoir sacré de continuer le bon combat pour l’émergence d’un Congo nouveau. »

Une messe a été célébrée par le Cardinal Monsengwo, archevêque de Kinshasa, ce vendredi 09 février 2018 en mémoire des victimes de la marche pacifique

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Une messe a été célébrée par le Cardinal Monsengwo, archevêque de Kinshasa, ce vendredi 09 février 2018 en mémoire des victimes de la marche pacifique du 21 janvier dernier en la cathédrale Notre Dame du Congo. Une marche qui était organisée par le Comité Laïc de Coordination, CLC, et réprimée violemment par les forces de l’ordre, faisant 7 morts par balles, 127 blessés et plusieurs interpellations, d’après le bilan définitif dressé par la Conférence Episcopale Nationale du Congo, CENCO.

Dans son homélie basée sur Apocalypse 7, 9-17 et l’Evangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu 5,1-12, l’abbé François Luyeye a salué la mémoire des frères et sœurs tombés sous les balles de ceux qui sont censés les protéger. Pour le Curé de la paroisse universitaire, Notre Dame de la Sagesse, honorer la mémoire de ces victimes est un devoir fraternel et une profession de foi en la vie éternelle. « Nous sommes réunis dans ce lieu saint pour recommander les ames de nous frères et sœurs défunts à la miséricorde divine.» Ainsi, poursuit-il, « nous accomplissons notre devoir d’affection fraternelle et nous confessons haut et fort notre foi en la vie éternelle. Nous sommes réunis pour professer notre foi en la résurrection du Christ, une résurrection qui donne sens à notre existence et ouvre nos yeux à la contemplation des merveilles que le Père ne cesse d’accomplir chaque jour pour notre salut. », a affirmé le prêtre en soulignant : « Au-delà des vicissitudes et méandres de notre vie individuelle et communautaire, Dieu agit. D’un chemin à l’autre, il conduit notre histoire comme il a conduit celle de nos ancêtres dans la foi jusqu’à la terre promise. »

Abbé françois Luyeye

L’abbé François Luyeye, plusieurs fois interrompu par les applaudissements des fideles, a rassuré que Dieu n’abandonne jamais son peuple, il est là au milieu de ce peuple qui souffre et qui pleure. « Comme le cri de Jésus sur la croix n’est pas resté sans réponse, nous savons que notre cri ne restera sans réponse non plus. Nos frères et sœurs qui sont tombés une fois de plus sous les balles de la trahison de ceux qui sont censés nous protéger, nous ont précédés dans la vie éternelle…Ils viennent de la grande épreuve. Ap 7,9-10»

Loin de nous la peur…

Le curé de la paroisse Notre Dame de la Sagesse martèle : « – Loin de nous la peur de ceux qui donnent aux troupes l’ordre de tirer, – Loin de nous la peur de ceux qui exécutent aveuglement des ordres immoraux et fauchent leurs propres frères et sœurs, – Loin de nous la peur de ceux qui chercher à faire disparaitre les corps de leurs victimes après les avoir assassinés. Nous sommes au contraire remplis de pitié pour eux, cars ils ne savent pas ce qu’ils font. Et comme Jésus, nous disons au Père Céleste : Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. » A en croire, l’Abbé Luyeye, ceux qui ont donné l’ordre de tirer et ceux qui ont tiré sur les manifestants sans armes lors de la marche doivent savoir que la balle n’est pas dans le corps de leur victimes mais dans leur propre camp et dans leur propre conscience. Et qu’ils s’entendent dire de la part du Seigneur : « ce n’est pas la mort du tueur que je veux mais sa conversion. »

La marche des chrétiens ne s’arrêtera pas

S’adressant au Comité Laïc de Coordination en évoquant les béatitudes, le prédicateur a souligné que le pauvre c’est celui que les épreuves matérielles et spirituelles ont exercé à ne compter que sur le secours de Dieu, comme les congolais aujourd’hui. Les pauvres ce sont ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de justice. Et parce qu’aucune justice n’est rendue, il n’y a plus de pain, ils meurent … » Aussi, a-t-il poursuivi, le Christ a incarné les béatitudes, le monde passe, ne soyons pas esclaves des choses qui passent et d’un pouvoir, se référant au passage biblique de Romains 12,2.

En outre l’Abbé Luyeye a exhorté que notre vie soit une recherche permanente de sainteté. Toute profession exercée dans la crainte de Dieu et au service du bien commun devient un lieu de sanctification et d’épanouissement réels. On peut se sanctifier en étant témoin du Christ au sein de l’armée dès lors qu’on défend réellement le territoire national et qu’on ne tourne pas les armes contre les civils qu’on est censé protéger ; On peut se sanctifier en politique dès lors qu’on se met réellement au service du bien commun et qu’on respecte la dignité de la personne humaine, image de Dieu. Les laïcs qui sont engagés dans des taches temporelles doivent savoir qu’ils doivent y évoluer en témoins du Christ, c’est le lieu de leur rayonnement missionnaire.

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« Voila pourquoi les actions du Comité Laïc de Coordination sont à applaudir. Et nous en attendons d’autres. En agissant ainsi, vous montrez que vous êtes l’Eglise. Dans le chrétien, il ne doit pas y avoir une dichotomie entre la foi et l’engagement dans le monde. N’en déplaise à ceux qui croient que la foi doit être enfermée dans la sacristie. Votre mission est d’apporter la lumière du Christ pour chasser les ténèbres de satan dans les coins et recoins de notre pays. »

Le prêtre a fini par rêver d’un jour où des congolais feront des marches pacifiques sans effusion de sang, d’un jour où ceux qui ont tué prendront conscience de leurs actes, demanderont pardon et se convertiront. Chers frères et sœurs, la marche des chrétiens ne s’arrêtera pas. Nous avons le devoir sacré de continuer le bon combat pour l’émergence d’un Congo nouveau. », a-t-il martelé.

« Ce Congo nouveau où l’homme qu’il faut sera à la place qu’il faut, Un Congo nouveau dirigé par des hommes et des femmes épris du respect de la dignité humaine et réellement au service du bien commun, Un Congo nouveau où le peuple conscient de son pouvoir et de sa responsabilité historique ne tolérera plus le mensonge, la violence et la médiocrité. », a renchéri l’Abbé François Luyeye.

Photos des victimes du 21 janvier 2018

Au terme de la célébration eucharistique le cardinal Monsengwo Pasinya a remercié les fideles venus nombreux y participer. Mais bien avant lui, le professeur Thierry Landu, membre du CLC a rendu hommage aux victimes. Aussi, l’Abbé Jean-Marie Khonde a-t-il lu le message de l’ensemble du clergé kinois aux dirigeants de la RDC et de la capitale face à l’insécurité, aux menaces et humiliations dont ils sont victimes. Il a également annoncé un programme y afférent de jeune et de prières.

Onésime Mukandila, Junior Kitambala (stagiaire)

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