Signe de temps : De plus en plus de voix s’élèvent contre la corruption en RDC

Sujet tabou autrefois sur la place publique, la corruption est maintenant sur toutes les lèvres. Cela prouve à quel point le peuple congolais en a mar

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Sujet tabou autrefois sur la place publique, la corruption est maintenant sur toutes les lèvres. Cela prouve à quel point le peuple congolais en a marre. Du côté de la société civile, le Comité laïc de coordination (CLC) appelle à une marche pacifique le samedi 19 octobre 2019 à travers le pays. Pour justifier cette initiative, dans son communiqué daté du 3 octobre 2019, le CLC écrit ceci dans le premier paragraphe : « Comme annoncé, le peuple congolais a attendu jusqu’à la fin du mois de septembre des garanties fermes, de la part du gouvernement et des institutions publiques, pour mettre un terme à la banalisation de la corruption et pour que, plus jamais, aucune autorité de ce pays, quel que soit son rang, ne puisse toucher impunément à la caisse de l’Etat et s’accaparer des biens publics ». Cet appel du CLC est consécutif à ce qui est qualifié de détournement de 15 millions des dollars au sommet de l’Etat.

Des voix s’élèvent aussi dans les milieux de la justice censés combattre cette antivaleur. La Cour de cassation a fait sa rentrée solennelle le mardi 15 octobre 2019 au cours d’une audience publique. A cette occasion, les hauts magistrats du pays et le bâtonnier national ont soulevé les thèmes portant sur la lutte contre la corruption et l’usage de faux en écriture. Dans son discours, le Procureur général près la Cour de Cassation, Flory Kabange Numbi, s’est exprimé en ces termes : «« Les dernières échéances électorales dans notre pays ont révélé des dérapages malheureux notamment à l’occasion des scrutins indirects lors des élections des gouverneurs et des vice-gouverneurs des provinces ainsi que des sénateurs. A ma qualité d’observateur de la scène politique nationale, j’ai eu cette fois, au plan professionnel, l’occasion de vivre l’expérience des faits de corruption dénoncés lors des élections tenues au niveau des Assemblées provinciales ».

Le procureur général a fait ensuite observer qu « une chose est de dénoncer le fait infractionnel et une autre est d’aller jusqu’au bout de sa logique, en confirmant sa plainte au niveau des instances judiciaires, de manière à faire avancer l’instruction en collaborant au recueil des éléments des preuves à l’appui des accusations portées. Tel n’a pas été malheureusement le cas des dernières échéances, alors que les dénonciations ont été faites avec fracas. Les dénonciateurs s’ils ne se sont pas confondus dans les excuses, ils ont carrément disparu de la circulation. »

La corruption cesse d’être un sujet tabou suite au discours d’investiture du Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, le 25 janvier 2019 qui avait placé la lutte contre la corruption dans ses priorités en annonçant «  une lutte efficace et déterminée contre la corruption et les antivaleurs notamment l’impunité, la mauvaise gouvernance, le tribalisme et autres ». En évoluant dans son message, il avait urbi et orbi déclaré : « Nous allons initier une stratégie de lutte contre la corruption dans l’ensemble des rouages de l’Administration publique. Un accent particulier sera porté sur la lutte contre la délinquance fiscale ».

Il sied de souligner que l’Episcopat congolais élève depuis longtemps sa voix sur cette question. Dans plusieurs de leurs messages, déclarations et appels, les Evêques congolais ont interpellé les autorités et les citoyens sur cette question. A titre illustratif, dans leur appel à la vigilance pour sauvegarder la souveraineté nationale et bâtir notre destinée, intitulé « Il est temps de nous réveiller »  et publié le 10 juillet 2008, ces princes de l’Eglise, dans un chapitre portant comme thème « situations préoccupantes », écrivaient : « Dans notre pays, autant chez les Congolais que chez les partenaires de la Communauté internationale, la corruption a atteint des proportions aussi inquiétantes qu’insupportables. Cela interpelle notre cœur des pasteurs. Aujourd’hui tous les services se monnayent et s’achètent en bonne conscience. Même ceux qui se disent chrétiens ne se gênent plus de monnayer des décisions politiques, économiques, judiciaires, voire académiques. Comme au temps de la vigne de Nabot, l’argent achète tout et le pauvre se fait déposséder de ses biens (cf. 1R. 21, 1-16). La corruption est devenue le cadre général de vie et d’action socio-politique en RD Congo. Il y a péril en la demeure. Pour bâtir un grand Congo ne serait-il pas urgent de décréter une année de lutte contre la corruption ? »

Les acteurs politiques doivent comprendre que les Congolais dans leur ensemble sont fatigués de la corruption et veulent un changement à ce sujet. Ils espèrent que les déclarations du chef de l’Etat au sujet de la corruption ne resteront pas au stade de discours, mais qu’elles seront suivies d’acte pour réduire tant soit peu la nuisance de cet antivaleur.

JR Bompolonga

 

 

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