Message de Noël 2017 de SE Mgr Cyprien Mbuka, évêque de Boma

« Éclatez en cris de joie, ruines de Jérusalem, car le Seigneur a consolé son peuple… » (Is 52, 9). Chers frères et sœurs, Joyeux Noël 2017 ! «

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« Éclatez en cris de joie, ruines de Jérusalem, car le Seigneur a consolé son peuple… » (Is 52, 9).

Chers frères et sœurs, Joyeux Noël 2017 !

  1. « Éclatez en cris de joie, ruines de Jérusalem, car le Seigneur a consolé son peuple… » (Is 52, 9). Tel est le cri de joie qui sort de la bouche du prophète Isaïe dans la première lecture de la messe du jour de Noël. Ce message de joie s’insère bien dans le mois de décembre, souvent marqué par un climat de fête et de retrouvailles familiales. La nature elle-même enrichit cette dimension festive dans la mesure où, à cette époque, la végétation qui nous entoure est généreuse, pleine de fruits variés et de fleurs diverses. Malheureusement, un peu partout la paix est menacée. Dans notre pays, dans nos quartiers, dans nos villages et dans nos familles la situation socio-économique est précaire : pauvreté, maladies, palabres, jalousies, calomnies, tensions entre voisins, infidélités conjugales, enfants de la rue, accusations de sorcellerie, exploitation des faibles par les puissants, injustices.

Chers frères et sœurs,

  1. La question que je me posais dans le Message de Noël 2001 demeure actuelle : que peut bien signifier le message de l’ange : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur » ? De quel Sauveur s’agit-il ? De quoi vient-il nous sauver ? Ces questions nous situent au cœur même du mystère de Noël. Nous comprenons déjà que ce ne sont pas nos propres plans et nos préférences qui constituent notre point de départ ; nous devons plutôt écouter la Parole de Dieu elle-même. Le Sauveur, c’est le Fils de Dieu venu auprès de nous, c’est l’Emmanuel, Dieu avec nous. Comme le dit la lettre aux Hébreux dans la seconde lecture de la messe du jour de Noël, « dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes, Dieu nous a parlé par ce Fils qu’il a établi héritier de toutes choses… » (He 1, 1). Il s’appelle Jésus, c’est-à-dire le Seigneur-sauve, car c’est lui qui libère son peuple de ses péchés (Cf. Mt 1,21). Jésus nous délivre de l’égoïsme. En son Fils, Dieu nous a aimés et Il nous a appris à l’aimer et à aimer le prochain : « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique, pour que tout homme qui croit en Lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16). Par obéissance à son Père et pour répondre à cette solidarité avec l’humanité, Jésus a accepté de renoncer à ses propres intérêts pour nous sauver ; il s’est abaissé et s’est fait obéissant jusqu’à la mort, et la mort en croix (Cf. Ph 2, 9).

Chers frères et sœurs,

  1. Noël est la fête qui célèbre le triomphe de l’amour sur l’égoïsme ; il nous invite à la solidarité et au sens du bien commun. Comme le dit l’évangéliste saint Jean, « si tu n’aimes pas ton frère que tu vois, comment peux-tu prétendre aimer Dieu que tu ne vois pas ? Celui qui aime Dieu aime aussi son frère » (1 Jn 4, 20-21). Noël, c’est l’occasion de prendre conscience de ses responsabilités vis-à-vis de soi et des autres. C’est l’occasion de penser à certaines situations dans lesquelles notre regard est tourné plus vers des intérêts personnels que communautaires. C’est donc l’occasion de nous convertir comme nous le demande le Christ (cf. Mc 1, 15). Nous pourrions évoquer plusieurs situations engendrées par notre égoïsme mais qui, à l’échelle nationale, une fois changées dans le sens du bien commun, pourraient favoriser la croissance personnelle et le développement de notre pays :           1) L’insalubrité (manque d’hygiène) : nos marchés, nos cours d’eau, nos propres maisons, nos routes sont facilement transformés par nous-mêmes en poubelle ; conséquences : maladies et inondations.                                             2) La gestion des trottoirs et des routes: dans plusieurs endroits, les trottoirs et les routes sont devenus de lieux d’étalage des marchandises personnelles empêchant ainsi le passage des piétons et la fluidité de la circulation avec le risque de fréquents accidents ; bien plus, cela dénature la beauté urbanistique de nos espaces urbains.                                                             3) La présence des dos d’âne sur nos routes : plusieurs d’entre nous ignorent qu’un dos d’âne sur la route est un signal routier officiel et donc seule l’autorité routière compétente a le droit de le gérer. Or, dans la pratique actuelle chez nous, apparemment tolérée par l’autorité, le dos d’âne est d’une gestion libre et cela pour répondre à des préoccupations personnelles ; on le place n’importe où et n’importe comment ; conséquence : accidents, destruction de la route par l’humidité de la terre ou du sable et manque d’esthétique sur nos routes.                                                4) La corruption : tout le monde le constate mais chacun ferme les yeux ; sur nos routes avec les agents de l’ordre ; dans les bureaux ; dans les parquets, cours et tribunaux ; à l’école; dans les Universités et les Instituts supérieurs, etc. : chacun veut obtenir de façon frauduleuse des facilités personnelles y compris les cotes d’examen et cela se monnaie ; en outre, surtout dans la paie des enseignants, on note avec regret des situations selon lesquelles du personnel en service ne sont pas payés mais leurs salaires sont subtilisés sous couvert d’une paie d’un personnel fictif ou décédé. Conséquences : les caisses de l’État sont vides, les destinataires sont privés de leur argent, la médiocrité intellectuelle et culturelle.                 5) La surcharge des personnes dans les véhicules : cela ne semble gêner personne même pas les agents de l’ordre ; il suffit que le chauffeur glisse un « deux mille francs » à l’agent de l’ordre pour que tout s’arrange ; l’état du chauffeur et du Message de Noël 2017 Français 3 véhicule importe peu ; on ne pense pas aux conséquences néfastes, notamment des accidents ; le chauffeur ne pense pas non plus à la vie de ses clients, il se préoccupe de gagner son argent.                                                                       6) La vente anarchique des terres : nos quartiers sont construits sans aucune règle d’urbanisme, les maisons poussent comme des champignons et donc aucune rue n’est pratiquement envisagée, d’où l’impossibilité de rejoindre certains quartiers par véhicule ; n’oublions pas que le manque d’urbanisme favorise aussi les érosions. Où va l’argent exigé par l’urbanisme, le tourisme, l’environnement et le contrôle technique des véhicules?                                                                                                               7) La pratique de la ville morte : ce phénomène devient de plus en plus fréquent dans nos milieux, surtout urbains. Mais en réalité, à qui profite cette pratique? Aux mamans qui vivent de leur petit commerce et qui se retrouvent bloquées à la maison ? Aux enfants qui se voient empêcher d’aller à l’école ? Aux petites entreprises qui sont obligées de fermer ? Aux motocyclistes et aux taxis en chômage forcé ? Est-on vraiment conscient du tort que cela cause non pas aux dirigeants et gouvernants mais aux petits ?                                                                                          8) L’usage généralisé des véhicules avec volant à droite : la RDC est l’unique pays au monde qui laisse s’installer sans gêne une confusion en matière de code routier ; faudra-t-il imaginer deux systèmes de code routier pour un même pays ? N’est-on pas conscient du danger qu’entraîne la coexistence des deux systèmes ?
  2. Chers frères et sœurs,

Voilà quelques situations créées par notre comportement égoïste. Nous  voulons tous aller vite aux élections. C’est bon, mais il est évident que même après les élections si nous ne changeons pas de mentalité, si nous continuons à privilégier l’égoïsme dans notre comportement, notre pays demeurera toujours aussi pauvre qu’il y a soixante ans. La Parole de Dieu nous invite à sortir de notre sommeil, à nous revêtir pour le combat de la lumière (Cf. Rm 13, 11-12). Nous voulons de la lumière dans nos cœurs, dans nos Églises, dans notre pays. C’est-à-dire nous voulons des hommes et des femmes capables de solidarité et de sens du bien commun. Ensemble, tournons-nous vers un avenir épris de solidarité et de sens du bien commun. Que nos retrouvailles amicales et familiales ainsi que nos échanges des vœux et des cadeaux en ce temps de Noël soient enracinés dans les valeurs de solidarité et de sens du bien commun. Qu’en cette année consacrée aux jeunes nous puissions leur inculquer le réflexe d’attention aux autres et surtout aux démunis.

  1. À chacun et à chacune de vous mes souhaits de Joyeux Noël 2017, et de Bonne et Heureuse Année 2018. Amen.

Donné en l’église cathédrale N. D. de l’Assomption                 Veillée de Noël, 24 décembre 2017                                            MBUKA Cyprien, cicm Évêque de Boma

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