Le Centre-ville de Kinshasa difficile d’accès et de sortie pour les banlieusards de l’Est

« Le Centre-ville de Kinshasa est devenu au fil des temps une zone difficile d’accès pour les banlieusards de l’Est de la capitale » Tel est le constat désabusé des navetteurs de la périphérie. Ces propos pessimistes ont été proférés ce vendredi 18 mai 2018 par certains d’entre eux qui ont atteint le centre ville la veille avec une grande facilité lors de la journée fériée du 17 mai 2018.

En réponse aux questions de l’Agence Dia, nombre d’entre eux ont accepté qu’il leur est difficile de descendre directement au Centre-ville. Les bus les déposent loin des magasins et bureaux du Centre des affaires et du Grand Marché de Kinshasa. Ceux qui habitent Lemba, Matete et Limete descendent loin du Centre-ville et sont obligés de parcourir à pied les tronçons désaffectés entre les avenues Kabambare et du Marché. D’autres venant pour la plupart des communes lointaines comme Kingasani, Kimbaseke, Masina et Ndjili proches de l’aéroport de la ville subissent le même désagrément. Certains empruntent auparavant la bifurcation de la Route des Poids lourds pour descendre directement à la Gare centrale. Des navetteurs ont commenté diversement les difficultés des deux voies d’accès au Centre-ville et de la seule de sortie.

L’avenue ex-Bokasa, première voie d’entrée, l’oubliée des programmes gouvernementaux de réhabilitations depuis plus de 15 ans

Avenue Bokasa au Centre ville

L’avenue ex-Bokasa qui débute à la jonction du Boulevard Sendwe, longue de 5km, a été destinée à être le doublon de l’avenue Kasavubu dans le sens contraire pour drainer les navetteurs de l’Est de la ville. Elle a été réhabilitée en partie avec le pont jeté sur la Rivière Kalamu pour faciliter le transit vers la ville des habitants des communes les plus populeuses de Kinshasa qui sont au delà de la Rivière Ndjili. Issa, sexagénaire, natif de Matete se souvient encore de ses aller et retour quotidiens entre son école Saint Joseph près de la Gare centrale et sa commune urbanisée. « Mes enfants, explique-t-il, doivent courir aujourd’hui pour arriver à temps à la même école. Ils ont fait toutes leurs études secondaires dans des difficultés de transport ». Mudimu, docker et natif de Kingasani, se désole de la destruction de Bokasa qui le retarde régulièrement pour atteindre à temps le Beach Ngobila. « Je me tape au quotidien trois km de course soutenue avant d’atteindre le port fluvial ».

L’avenue Kasaï; deuxième voie d’entrée, est fortement abîmée depuis peu

Avenue Kasaï Entrée Centre ville

Conçue au départ comme voie d’accès de supplément au Centre- ville, l’avenue Kasaï devait rester une voie secondaire avec le prolongement du Boulevard Lumumba jusqu’à la Gare centrale. « Les constructions anarchiques ont bloqué ce projet, a expliqué M. Muanza ingénieur au Bureau d’étude et aménagement de la ville, BEAU. L’avenue Kasaï érigée en dos d’âne n’a pas supporté le poids excessif d’un charroi en grande augmentation. Kasaï au niveau de l’Hôpital de l’Armée du Salut a cédé sous le poids il y a deux ou trois ans. Les véhicules roulent actuellement dans des ornières profondes comme des essieux de gros camions. « Le résultat est là, a constaté, amer l’infirmier du Centre hospitalier Armée du Salut, John Mavungu, le nombre de bus Transco de la ligne 01, est en nette diminution. Je ne parviens plus à emprunter ce bus qui m’évite de payer deux fois plus cher mon transport mensuel ». Résident du quartier Yolo dans la commune de Kalamu, il a regretté devoir se lever aux aurores pour accueillir les patients.

L’ avenue Kasavubu est entrée dans le groupe des routes en destruction rapide

Avenue Kasavubu Sortie du Centre ville

Après avoir lutté ferme pour atteindre le Centre-ville, les employés des banques et autres magasins et officines pharmaceutiques des Libanais, Pakistanais, et autres Moyen Orientaux, doivent de nouveau livrer bataille pour attraper des rares moyens de transport qui affrontent les énormes nids de poule. La seule voie de sortie à proximité du Centre-ville est l’avenue Kasavubu qui est actuellement objet d’oubli des autorités tant municipales que nationales. A la croisée de cette avenue avec l’avenue du Commerce, les bus, taxis bus et même les motos montent sur rebord de la chaussée pour éviter un véritable lit de lac artificiel en temps de pluie. Jean Jacques, élève à l’Ecole de la Gare est un virtuose pour grimper à bord de bus avant beaucoup de monde :  » Je me place devant et la foule me pousse. » André, quinquagénaire et postier sur le Boulevard du 30 juin préfère payer plus cher les bus spéciaux appelés « Abonnés » pour rentrer chez lui dignement.

Sentiments de découragement profonds des navetteurs de l’Est

Tous les navetteurs Centre-ville et communes lointaines de l’Est de Kinshasa ont émis un sentiment de découragement profond. Ils ressentent de l’injustice à leur égard car  » le Centre des affaires et le Marché central ne sont plus des lieux de négoce privilégiés. Les Grandes surfaces ont gagné les communes populeuses. Les magasins des Chinois sont implantés dans les quartiers populaires. Seules quelques magasins résistent avec plus de variétés de produits. Ils offrent des prix plus concurrentiels. » Les salles de cinéma et de spectacles ont aussi quitté le paysage. Ils ont conclu que les opérateurs économiques s’en vont et que les autorités négligent un secteur de plus en plus marginal pour les Kinois de la base.  » Le Boulevard qui relie le Centre-ville, disent-ils amers, est l’une des rares avenues sans nids de poule pour rassurer les expatriés et autres ambassadeurs »

Rombaut Kamwanga