Reçu par Macron à Lens, Brice Mankou : « Les deux Congo font une fausse route et doivent éviter le naufrage collectif »

Le sociologue Brice Arsène Mankou est un chercheur associé au Clersé Laboratoire du CNRS et Maître de conférences à l'Université du Littoral Côte d'Op

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Le sociologue Brice Arsène Mankou est un chercheur associé au Clersé Laboratoire du CNRS et Maître de conférences à l’Université du Littoral Côte d’Opale de Dunkerque en France. Acteur social né à Brazzaville, en République du Congo, où il quitta après ses études  universitaires ne cesse de plaider pour l’Afrique. Arrivée en France, Mankou obtient un Master en sociologie, à travers ses enquêtes en Afrique centrale, son terrain de prédilection qu’il connaît bien pour avoir mené des travaux sur la question des migrations sous l’angle du transnationalisme, tel qu’il est pensé par Glick Shiller et Portes.

Conseiller Municipal à la Mairie de Lens (62), Brice Arsène Mankou parle de l’audience que le président Emmanuel Macron l’a accordé lors de sa visite à Lens. Les deux hommes ont évoqué le rôle joué par les soldats noirs, lors de la première guerre mondiale. Il fait aussi de révélations sur les deux Congo. Deux pays francophones qui font une expérience douloureuse de la Démocratie. Suivez :

Brice Mankou et le président Macron

Diacenco : De la vocation de prêtre manqué, à l’enseignant de sociologie à l’Université du Littoral Côte d’Opale de Dunkerque, pouvez-vous nous raconter votre parcours.

Brice Arsène Mankou : Je tiens d’abord à remercier l’Agence Catholique de Presse Dia pour cette interview. En effet, le séminaire en tant qu’institution de formation sacerdotale a aussi une vocation, celle de former l’homme et tout l’homme. C’est dans cette perspective que, n’ayant pu devenir prêtre, j’ai été appelé à une autre vocation, celle de l’enseignement de la Sociologie à l’Université. Une fonction que je considère comme un sacerdoce, comme l’écrivait le Philosophe Alain, pas seulement ce qu’il sait mais ce qu’il est. Or, je suis Sociologue pour comprendre les faits sociaux, les expliquer et les analyser à l’instar d’Emile Durkheim et de Max Weber dont je m’inspire dans mes recherches.

Vous avez été récemment reçu par le Président Macron, de quoi parliez-vous?

Brice Mankou à l’issue d’une audience

Lors de sa visite dans la ville de Lens où je suis l’élu municipal, le Président Emmanuel Macron m’a reçu et au cours de notre entretien, nous avons évoqué le rôle joué par les soldats noirs, lors de la première guerre mondiale de 1914 – 1918. C’était aussi une occasion pour moi de remercier le Président de la République Française d’avoir réhabilité le monument des soldats africains à Reims, détruit lors de la deuxième guerre mondiale par les Allemands.

Au cours de la même audience, je lui ai fait part de la série de mes conférences organisées au nom du Collectif Francophone des écrivains de la mémoire que j’ai créé et qui va publier un ouvrage collectif sur le rôle des soldats noirs, lors de la première guerre mondiale.

Le Président François Hollande vous a également accordé une audience plus d’une fois ?

Francois Hollande et Brice Mankou

Le Président François Hollande vient d’écrire un ouvrage intitulé « Les leçons du pouvoir », paru aux éditions Stock. J’ai été invité parmi les écrivains d’Afrique sub-saharienne pour le rencontrer et témoigner du combat que cet ancien chef de l’Etat a mené dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Mali, en RCA, deux pays qui ont connus le terrorisme. Au cours de sa conférence, j’ai pu prendre la parole pour souligner son courage et son sens aigu des responsabilités face à ce fléau planétaire.

Très sensible à mon intervention, il m’a dédicacé son livre avec un des mots aimables à mon égard. J’en ai profité aussi pour l’inviter à une dédicace au Congo-Brazzaville, ce qu’il a accepté bien volontiers.

Vous vous sentez écouté ?

Lorsque j’ai rencontré ces deux personnalités, mon sentiment, bien sûr, est non seulement d’avoir été entendu, mais aussi écouté. Le Président Macron m’a clairement dit qu’il attendait notre ouvrage collectif. Quant au Président Hollande, avec qui j’ai évoqué la loi Philippe sur les droits de scolarité des étudiants francophones qui sont passés du double au triple, il nous soutient et a promis de porter ce combat avec nous à qui de droit.

En quoi profite votre intense activité associative. Poursuit-elle des objectifs précis  

Avec un collectif d’élus d’origine africaine, nous avons mis en place, un Institut de Formation aux Métiers de la Ville (IFMV) dont l’objectif est de créer des partenariats entre les collectivités d’ici et celles de là-bas. C’est-à-dire des collectivités locales françaises et celles d’Afrique. Ces jumelages permettent de mobiliser les hôpitaux, les écoles, les associations pour réduire les distances géographiques qui feront que le lointain soit désormais proche.

Journaliste hier et sociologue aujourd’hui, comment analysez-vous la situation dans les deux Congo ?

Les deux pays dont les capitales sont les plus rapprochées au monde sont deux pays francophones qui font une expérience douloureuse de la Démocratie. Pourtant autant que je me souvienne, ces deux peuples Bantu, aux richesses diverses et variées, ont tout pour vivre et bien d’en vivre en paix. D’où vient le tribalisme, la corruption, la médiocrité, la course effrénée vers la conquête ou la conservation du pouvoir qui gagnent les Congolais ? Serons-nous devenus des loups dans la bergerie Congo ? En tant que Bantu, nous connaissons les valeurs de la Démocratie grâce au Mbongui. Nous savons que la gouvernance inclusive est une des voies royales pour la paix dans nos pays. Par conséquent, si nos options pour la Démocratie sont fausses, alors il ne nous reste plus qu’à rebrousser chemin, plutôt que de persévérer dans l’obscurantisme dans lequel sont plongés nos deux pays, Congo Brazzaville et Congo Kinshasa. C’est pour cette raison que je prône pour des solutions endogènes de sortie de nos crises politiques, économiques, sociales et culturelles. Pour y arriver, reconnaissons que nous sommes en train de faire fausse route et pour éviter le naufrage collectif de nos Etats respectifs revenons à ce que nous sommes, à savoir : des Bantu.

 Interview  réalisée par Franck kiziboukou

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