Mgr Utembi : « La foi est une force invincible qui dépasse l’imagination »

La Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) est en Assemblée plénière extraordinaire du lundi 7 au mercredi 9 novembre 2022 au Centre d’accueil de Caritas à Kinshasa. Comme à l’accoutumée, l’Assemblée plénière a commencé par une célébration eucharistique dite par Mgr Marcel Utembi Tapa, Archevêque de Kisangani et Président de la CENCO. Ci-dessous l’intégralité de son homélie prononcée au cours de la messe.

Homélie de S.E. Mgr Marcel UTEMBI, Archevêque Métropolitain de Kisangani et Président de la CENCO,

A la messe d’ouverture de l’Assemblée Plénière extraordinaire

Lundi 07 novembre 2022

1^ère lecture : Tt 1, 1-9

Evangile :     Lc 17, 1-6

« Seigneur augmente en nous la foi» (Lc 17,5).

Eminence,

Excellences,

Chers frères et sœurs,

La parole de Dieu que la liturgie propose à notre méditation en ce jour nous invite à la réflexion sur notre responsabilité en tant que baptisés, pasteurs et guides de nos frères et sœurs.

Dans la première lecture (Tt1,1-9), Saint Paul charge Tite de nommer des responsables des communautés. La désignation de ces ministres, qui étaient une innovation dans beaucoup d’Eglises fondées par Paul, avait pour but de combattre des erreurs et tant d’autres défis qui menaçaient la foi et l’unité des communautés chrétiennes. Il en donne le profil : un responsable de communauté doit être un homme de foi, accueillant, un homme sans reproche, attaché à la parole sûre et conforme à la doctrine, ni arrogant, ni violent, ni avide de profits malhonnêtes (cf. Tt 1, 7-9) et il définit le rôle d’un « responsable » de communauté : le rôle de gouverner, comme un « bon intendant » et d’enseigner.

Chers frères et sœurs,

A la lumière de la première lecture, nous devons nous examiner pour voir si nous sommes conformes à l’idéal que Paul décrit pour les responsables des communautés.

Dans le passage de l’Evangile (Lc 17, 1-6), Jésus nous met face à la communauté :

ses mises en garde nous interrogent, comment nous présenter à nos frères et sœurs comme des vrais ministres de Dieu, sans pour autant être nous-mêmes occasions de leurs chutes ou des divisions et des scandales dans les communautés dont l’Eglise nous a confié la charge ?

Le Seigneur nous rappelle : « Il est impossible que les scandales n’arrivent pas, mais malheur à celui par qui ils arrivent » (Lc 17, 6).

En effet, notre égoïsme, notre suffisance ou notre mépris d’une catégorie de personnes, mais aussi notre indifférence ou notre incapacité à faire face aux attentes de notre peuple et défis auxquels sont confrontées nos communautés,  tout cela peut être cause de scandale pour nos frères. Or, l’expérience de la vie nous montre à suffisance qu’il y a tant de défis qui dépassent nos capacités naturelles d’homme. Cela suscite le désir de grandir dans la foi.

La foi, plus qu’une richesse de la raison humaine, est un don de Dieu. Il s’agit d’un fruit de l’expérience de vie intérieure avec Dieu, de pouvoir agir, en comptant sur sa confiance. C’est cette capacité intérieure que les Apôtres demandaient, comme nous l’avons entendu dans l’évangile : « Seigneur, augmente en nous la foi » (Lc 17, 5).

En revanche, nous devons aussi intégrer la réponse donnée par le Seigneur à cette demande des Apôtres : « la foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous direz au grand arbre que voici : « déracine-toi et va te planter dans la mer », et il vous obéirait » (Lc 17,6).

C’est dire que la foi est une force invincible qui dépasse l’imagination. Il suffit d’un minimum de foi pour que la toute-puissance de Dieu se manifeste dans toute sa magnificence.

Ceci traduit la nécessité pour nous fidèles du Christ, en commençant par les Pasteurs que nous sommes, de nous attacher au Seigneur, de puiser toutes nos énergies en Lui, pour pouvoir transformer notre vie en réponse aux attentes du Peuple qui nous est confié.  En d’autres termes, les attitudes et la vie, non seulement des prêtres et des évêques, mais de nous tous les baptisés : prêtres, religieux, religieuses et tous les autres fidèles laïcs, doivent être une proclamation vivante de l’Evangile.

Chers frères et sœurs,

Nous avons une responsabilité commune de donner réponse aux multiples et multiformes défis qui pèsent sur notre société : la pauvreté, les violences, les injustices, l’insécurité, les menaces qui portent atteinte non seulement à la dignité des personnes mais aussi à l’intégrité de notre territoire national. Et là, je vous invite de façon particulière à porter dans nos prières, les frères et sœurs qui sont dans les zones sinistrées par les violences, les conflits intercommunautaires et par les guerres, notamment nos frères et sœurs du Territoire de Kwamouth, ceux des provinces du Nord et Sud Kivu ainsi que de l’Ituri. Que le Seigneur leur apporte la consolation et la paix. Qu’il montre à nos gouvernants les voies et moyens de restaurer la paix, la sécurité dans le pays et dans la S/Région.

Devant tous ces défis de notre société et devant les exigences de l’évangile, nous nous sentons tout aussi démunis que les Apôtres, et avec eux nous crions : « Augmente en nous la foi ».

Puisse le Seigneur augmenter notre foi, qu’il nous éclaire au cours de notre Assemblée plénière, pour que nous soyons, au cœur de notre pays, au milieu du Peuple qui nous est confié, un foyer d’espérance et de lumière qui éclaire le chemin du bonheur. AMEN !

Mgr Marcel UTEMBI TAPA

Archevêque de Kisangani

Président de la CENCO