Mgr Utembi : « Dieu est humble car il est amour, et l’amour ne se dit pas supérieur »

Mgr Utembi : « Dieu est humble car il est amour, et l’amour ne se dit pas supérieur »

HOMELIE DE S.E. MGR MARCEL UTEMBI, ARCHEVEQUE DE KISANGANI, PRESIDENT DE LA CENCO ET GRAND CHANCELIER DE L’UCC Ouverture de l’année académique 2022-2

Le Pape François écrit à Mgr Marcel Utembi
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Mgr Marcel Utembi : « Le renoncement nous conduit à la communion avec le Christ. »

HOMELIE DE S.E. MGR MARCEL UTEMBI, ARCHEVEQUE DE KISANGANI, PRESIDENT DE LA CENCO ET GRAND CHANCELIER DE L’UCC

Ouverture de l’année académique 2022-2023.

 

Kinshasa, le 31 octobre 2022

 

Lecture 1 : Eph. 4, 1-6 ; Lect 2 : Ac 2, 1-13 ; EV : Mt 5, 1-10.

 

Excellence Monseigneur  Président du Conseil d’Administration de l’UCC,

Monsieur l’Abbé Recteur,

Chers Membres du Comité de direction,

Chers Professeurs et Assistants,

Chers membres du Personnel Administratif, Technique et Ouvrier,

Chers Etudiantes et Etudiants,

Distingués invités,

Frères et sœurs dans le Christ,

 

En considérant la Parole de Dieu que nous venons d’entendre dans les textes que la liturgie nous propose en ce jour, à savoir la lettre de Saint Paul aux Ephésiens, le livre des Actes des Apôtres, l’Evangile selon Saint Matthieu, je voudrais axer ma méditation sur trois points fondamentaux : la fraternité dans le vivre-ensemble, l’accueil de l’Esprit et la vie des béatitudes

  1. La fraternité dans le vivre-ensemble

La première lecture (Eph4, 1-6) nous  donne le ton de l’exigence d’un vivre-ensemble harmonieux. De la prison où il est détenu à cause du Christ, Paul adresse à ses fidèles d’Ephèse une exhortation qui interpelle chacun de nous. Face à une communauté dominée par l’excès d’estime de soi, l’impatience, la quête d’influence, l’intolérance qui frise la méchanceté et le refus des différences, saint Paul rappelle que les chrétiens ne peuvent vivre ensemble sans se reconnaître fils et filles d’un même Père. Le rassemblement de tous les hommes fait l’objet d’une grande espérance chrétienne.

L’Université Catholique du Congo est par vocation, un monde ouvert, un espace où il y a de la place pour tous sans discrimination. Au troisième chapitre de son Encyclique Fratelli tutti, intitulé « penser un monde ouvert », le Pape François nous enseigne que l’homme a été créé pour vivre avec les autres, plus encore, pour entrer dans une relation avec chaque être humain, marquée par l’amour. Chacun est donc appelé à sortir de lui-même, à percer le cocon de sa propre existence et à donner de l’espace dans sa vie pour être avec les autres. Cette relation avec les autres nous fait grandir en tant qu’êtres humains et nous permet d’élargir notre cercle de relations et de développer en nous un esprit d’hospitalité.

La fraternité est à la fois un don de Dieu Père de tous et aussi une tâche, une mission qui nous est confiée en tant que communauté universitaire. Pour construire la fraternité, gage d’une nouvelle humanité, l’humilité et la douceur s’imposent. On ne peut se dire frères et sœurs si les uns regardent les autres de haut. Aujourd’hui, saint Paul nous montre clairement les inconvénients de la vanité du paraître et de l’orgueil et du même coup nous démontre la grandeur de l’humilité.

 

Oui, chers frères et sœurs,

 

Nous avons de bonnes raisons d’acquérir la vertu d’humilité d’abord pour une simple question de bon sens, et ensuite pour imiter Dieu. En effet, le Dieu de Jésus-Christ n’a rien à voir avec ce Dieu tout-puissant qui n’est que la projection des puissants de ce monde. Dieu est humble car il est amour, et l’amour ne se dit pas supérieur.

Aucune société humaine en général et notre université en particulier ne peut se bâtir sans cohésion communautaire, sans respect des uns et des autres. A l’UCC, nous débarquons de tous les horizons, hommes et femmes, étudiants et professeurs, personnel administratif et scientifique, personnel technique et ouvrier. Nous venons tous travailler pour une cause commune noble, juste et utile, celle de contribuer à l’éducation intégrale et à la formation de la jeunesse congolaise dont l’Eglise et la société ont grandement besoin en ce temps de grandes mutations.

Une telle mission ne peut réussir qu’avec la collaboration de tous, comme Paul nous y invite, en s’acceptant et en se supportant mutuellement par-delà nos différences afin de construire l’Université dans l’unité et l’authenticité. Ici Saint Paul met le doigt sur une plaie qui risque bien d’être la nôtre aujourd’hui. En effet si nous perdons le sens de la fraternité et de l’unité,  nous allons mettre à mal la paix sur notre espace universitaire. Puisque Dieu est notre Père et que nous sommes tous configurés au Christ par un seul baptême, je vous exhorte à travailler main dans la main, à vous soutenir dans  les moments de joie comme dans les épreuves, à bannir tout esprit de tribalisme et de groupe à intérêts partisans, car vous formez un seul Corps. La bonne santé de notre Université réside dans l’exigence d’un travail concerté, mené en toute fraternité, solidarité et complémentarité, avec franche collaboration et respect mutuel.

 

  1. L’accueil de l’Esprit

En début d’année universitaire, mettons-nous en position de réceptivité pour que l’Esprit du Père et du Fils nous habite et nous gouverne.

La deuxième lecture (Ac 2, 1-13) nous indique ce qui se passe au cénacle : les apôtres avec Marie sont enfermés en pleine prière attendant la promesse du Seigneur. Leur attitude de prière constante nous invite à donner à Dieu une place centrale dans notre vie. Aujourd’hui comme au jour de la Pentecôte, l’Esprit Saint est prêt à nous inonder, à demeurer en chacun de nous et à  nous faire sortir de notre sommeil. Mais faut-il que chacun se dispose à le recevoir.

Regardons les apôtres au cénacle : leur attente dans le silence avait été récompensée. Ce jour-là, ils reçoivent l’Esprit comme un feu qui les réchauffe et comme une rosée bienfaisante qui les inspire. C’est cet Esprit de lumière, d’intelligence, de discernement, de force et de sainteté que nous implorons sur l’UCC afin que l’année universitaire 2022-2023 soit une réussite pour tous. A la différence de la tour de Babel qui avait brouillé et divisé le langage des hommes, l’Esprit de Pentecôte favorise les langages différents pour bénéficier de mêmes merveilles de Dieu. C’est donc l’Esprit qui construit l’unité dans la diversité des dons. Que ce même Esprit guide chacun afin de faire de bons choix, qu’il nous donne la sagesse nécessaire pour faire aboutir nos projets, qu’il crée en nous les sentiments de fraternité et d’unité, qu’il procure aux enseignants la force nécessaire pour poursuivre des recherches sur des questions nouvelles, renouveler les méthodes d’enseignement, apporter l’innovation dans leur domaine ;  qu’il aide les apprenants à se rendre disponibles pour travailler avec discipline, rigueur  afin que demain, ils servent avec grande compétence et bonne conscience l’Eglise et la société.

Et pour réussir ce grand pari de travailler au rayonnement de notre Alma Mater, pour qu’elle demeure une lumière qui brille sur le fleuve et éclaire le destin de notre pays,  l’évangile de ce jour (Mt 5, 1-10) nous balise le chemin en nous proposant les  béatitudes, la charte de la vie chrétienne.

 

  1. La vie des béatitudes

Les Béatitudes constituent l’une des plus belles proclamations de notre foi, presqu’au même titre que la prière de « Notre Père ». Elles devraient être retenues comme une charte de la vie chrétienne. L’évangéliste Matthieu  nous le fait remarquer en plantant le décor : la foule est rassemblée et Jésus  gravit la montagne, comme l’avait fait Moïse devant son peuple au Sinaï.

L’évangéliste nous fait ainsi découvrir dans le sermon sur la montagne, la nouvelle loi, introduite par les Béatitudes. Cette nouvelle loi formule des propositions de bonheur accessibles à tous. La nouvelle loi est un don, pour le bonheur des croyants.

Alors que le monde nous propose le modèle des hommes puissants qui abusent de leur pouvoir et écrasent tout sur leur passage ; alors que le monde exalte parfois ces hommes sans scrupules qui passent toujours devant les autres et des opportunistes de mauvais goût qui privilégient des intérêts partisans ; Le Seigneur déclare : heureux les pauvres de cœur, les doux, les affligés, les assoiffés de justice, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix, les persécutés pour la justice. Tel est le vrai chemin du bonheur que le Christ nous propose.

 

Ecouter les Béatitudes, les enseigner, en vivre, c’est se conformer au Christ, car lui-même a été pauvre, doux, miséricordieux, artisan de paix, il avait faim et soif de justice divine et il l’a établie. Les Béatitudes s’illuminent de la vie de Jésus. A sa suite,  nous voulons dans notre Université former des hommes et des femmes capables de bâtir la nouvelle Nation congolaise. Nous devons pour cela avoir un cœur de pauvre, disponible, ouvert à Dieu, sans arrogance, ne comptant que sur Lui à la manière des « anawîm », ces pauvres de Yahvé. Nous devons être marqués par  la douceur de Dieu, celle qui brise les guerres et les haines, celle des non-violents. Les intellectuels, formateurs et formés à l’UCC,  doivent avoir le cœur pur, droit, sans perfidie. La duplicité fait le lit de la violence. En effet l’esprit tortueux cherche toujours  à tricher, à tirer profit des situations, quelles qu’en soient les conséquences.

 

Avec les Béatitudes, le Christ ne propose pas une révolution de type social ou politique, mais celle de l’amour, réalisée dans le don total de sa personne. Les béatitudes fournissent un nouvel horizon de justice inauguré dans le mystère pascal et grâce auquel nous pouvons devenir justes et construire un monde meilleur.

Je souhaite donc que l’Université Catholique du Congo soit un véritable laboratoire, le creuset de la culture des Béatitudes, où sont formés des artisans de paix pour le Congo nouveau, des leaders acquis à la cause de l’homme, à la bonne gouvernance et à la promotion du bien commun de tous, sans aucune distinction de race, de religion, d’ethnie, de tribu, de condition sociale ou économique. L’Université Catholique du Congo doit être l’espace privilégié où l’on forme les jeunes à exceller en humanité, de sorte qu’en sortant de ce haut lieu de savoir, la société salue en eux des hommes vrais et véritables, c’est-à-dire ceux dont les qualités morales, spirituelles et humaines disposent à construire un vivre-ensemble horizontal et vertical, heureux, estimé, digne et admirable. L’Université Catholique du Congo doit être un lieu sûr où les jeunes expérimentent le respect et la promotion de la dignité de la personne humaine.

Confions cette année académique qui s’ouvre aujourd’hui à la protection bienveillante de la Vierge Marie, Notre Dame de la sagesse et de lumière. Qu’elle nous obtienne de son divin Fils, les grâces dont nous avons besoin pour vivre au quotidien la fraternité véritable et nous engager résolument par la force de l’Esprit, à vivre des Béatitudes et à bâtir le Congo de l’espérance et du bonheur partagé.

Que  Dieu riche en bonté et  qui nous aime tous comme ses enfants, nous accorde ses bénédictions, + Au nom du Père, et du Fils et du saint Esprit.

 

 

Mgr Marcel UTEMBI TAPA

Archevêque de Kisangani

Président de la CENCO

Grand Chancelier de l’UCC

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