Mgr Gaston Ruvezi : « C’est dangereux de dénoncer les sociétés minières en RDC parce que vous ne savez pas ce qui vous attend après »

En marge de la 56ème Assemblée Plénière ordinaire des évêques de la CENCO qui se tient à Kinshasa, la presse de la CENCO a échangé avec S.E. Mgr Gas

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Mgr Gaston Ruvezi Kashala, Évêque de Sakania-Kipushi

En marge de la 56ème Assemblée Plénière ordinaire des évêques de la CENCO qui se tient à Kinshasa, la presse de la CENCO a échangé avec S.E. Mgr Gaston Ruvezi Kashala, , évêque du diocèse de Sakania-Kipushi. Ce dernier se trouve au Sud-Est de la RDC et est le dernier diocèse du pays partageant  la frontière avec la Zambie.

Suffragant de l’archidiocèse de Lubumbashi, le diocèse de Sakania-Kipushi s’étend sur 40 000 Km2. Il est composé de 4 doyennés, entre autres, le doyenné de Kafubu, de Sakania, Kipushi et Kasumbalesa.   Selon Mgr Ruvezi : «  Le diocèse s’appelle Sakania-Kipushi pour deux raisons, la première c’est  parce qu’il s’étend sur deux territoires dont Sakania et Kipushi. La deuxième raison qui est même historique, c’est parce qu’avant le diocèse s’appelait d’abord « Sakania » et c’est en 1977 qu’on a ajouté la ville de Kipushi. C’est ainsi que même du point de vue historique, on garde Sakania avant et Kipushi après. Mais pour des raisons d’ordre alphabétique on pourrait mettre Kipushi-Sakania mais le diocèse a gardé l’histoire c’est-à-dire Sakania-Kipushi à travers même sa dénomination », a-t-il expliqué.

Et d’ajouter que : « Nous avons 28 prêtres diocésains au diocèse de Sakania-Kipushi, qui sont les uns aux études et d’autres qui sont au travail dans l’interdiocésain, mais d’autres sont au travail en paroisses et dans des écoles dans notre diocèse. Même les agents pastoraux, nous en avons 20 et nous les appelons Animateurs laïcs diocésains. Ces derniers nous aident dans la pastorale et font les services dominicaux sans prêtres, ils assurent le suivi et ils sont aidés en cela par les catéchistes qui sont vraiment un bel instrument d’apostolat pour nous parce qu’ils nous relayent jusque dans le fin fond parce qu’on ne sait pas arriver en paroisses à causes de certaines contraintes matérielles ».

Phénomène « mining » et pastorale des jeunes

Il convient de le souligner ici que le diocèse de Sakania-Kipushi se trouve en pleine région minière. Des jeunes rêvent plus œuvrer dans les carrés miniers que de se mettre au service de l’Eglise. Mais, il faut compter avec le dynamisme de Mgr Gaston Ruvezi pour voir la vocation des jeunes à Sakania-Kipushi de plus en plus en hausse cette dernière décennie : « La jeunesse, c’est-à-dire, à partir de 2014, on a fait un effort d’accompagner les jeunes parce qu’on voyait qu’ils étaient abandonnés mais on a essayé de les accompagner à travers les Journées diocésaines des jeunes (JDJ) et on a mobilisé par exemple cette année près de 900 à Sakania, il faut le faire avec l’état des routes que nous avons », s’est félicité l’évêque de Sakania- Kipushi.

« Nous habitons une région minière, il faut savoir qu’autrefois on avait des activités minières seulement à Kipushi et il y a même le fameux « Puits 5 de Kipushi » qui est là encore aujourd’hui et on n’exploitait pas les autres gisements miniers. Maintenant on exploite aussi à Sakania et Kasumbalesa qui sont devenus aussi des zones minières. Et les jeunes de notre diocèse ne vont pas tellement là dans les mines parce que personne ne leur demande d’aller travailler. Les sociétés minières viennent déjà avec les listes des personnes d’autres provinces qui vont travailler là-bas, ce qui crée aujourd’hui beaucoup de chômages à Sakania, Kipushi, etc », se plaint Mgr Ruvezi.

L’homme a du prix à mes yeux 

Mgr Ruvezi, faut-t-il encore le rappeler est un des évêques de la RDC qui ne cessent de dénoncer la destruction de la personne humaine travaillant parfois dans des conditions inhumaines dans les « mining », la destruction de la famille, de la jeunesse, de l’environnement et des routes : « L’homme, tout homme, qui qu’il soit, a de la valeur devant Dieu   parce que créé à son image et sa ressemblance. Mais, que constate-t-on dans le phénomène « mining » ? Nous y trouvons d’abord l’engouement  généralisé vers l’exploitation minière, l’exploitation de l’homme par l’homme, le déséquilibre familial, l’immoralité, la destruction des infrastructures existantes et la pollution de l’environnement, la délocalisation de nombreux villages et cimetières », tel est un extrait de sa note pastorale parue en 2008 sur ce phénomène.

Près de dix ans après cette note pastorale intitulée «Notre  richesse est dans notre dignité  et  non dans le mining », le prélat catholique est revenu au cours de cet entretien sur ses positions dénonçant l’exploitation  de l’homme par ces miniers : « Ce qui a fait et a causé le problème, ce qu’il y a une dizaine d’années quand j’écrivis la lettre pastorale au sujet de « mining » c’était à Sakania parce que là c’était la première fois qu’ils ont commencé à exploiter, ils ont pris toutes les forces vives jeunes de Sakania qui étaient formés et c’était les enseignants et professeurs de nos écoles qui sont allés travailler dans les carrés miniers et ça crée un vide du point de vue de la formation ».

Au demeurant, Mgr Ruvezi estime que « les jeunes qui étaient désœuvrés le sont encore aujourd’hui et ne sont pas engagés dans ces entreprises minières qui sont implantées dans notre diocèse. Mais je vois que c’est un peu, là ce n’est plus dans mon diocèse mais à Ruisha à Lubumbashi où vous allez dans les zones dont les jeunes sont exploités et je n’en parlerais pas puisque ça ne passe pas chez moi. Ils sont désœuvrés et vont errer en quête d’une bonne vie et ces entreprises profitent de cette faiblesse pour les exploiter.

Les différents plaidoyers menés pour remettre l’Homme au centre de ces « mining »

Mgr Ruvezi a avant tout appelé l’Etat à être le premier gardien de son peuple. « Malheureusement, nous constatons que l’Etat congolais est quasiment démissionnaire face à l’exploitation de l’homme par le mining », a-t-il fait savoir en espérant que les nouvelles autorités pourraient se pencher sur la question. « Ce que nous faisons en tant évêque et diocèse, nous avons d’abord, renforcé les commissions diocésaines de Justice et paix et des Ressources naturelles qui sont à l’œuvre et nous aident à comprendre les réalités minières ».  En plus, «  nous écrivons des notes ou lettres pastorales pour que ces jeunes rentrent dans leurs droits, c’est tout ce que nous pouvons faire pour le moment. Parce que sachez que C’est dangereux  de dénoncer les sociétés minières en RDC parce que vous ne savez pas ce qui vous attend après, c’est facile d’en parler mais  si on sait que tel qui nous en veut  et qui est contre notre exploitation, on parlera après vous ».

Appel à la mobilisation pour le 3ème Congrès Eucharistique National à Lubumbashi en juin 2020

Hormis sa casquette d’évêque de Sakania-Kipushi, Mgr Gaston Ruvezi est aussi évêque président de la Commission épiscopale de Culte Divin et Discipline des Sacrements et par ricochet, organisateur de ces assises sur l’eucharistique que projette l’Eglise-Famille de Dieu en RDC.

Sur ce, l’ordinaire de Sakania-Kipushi a  déclaré ce qui suit : « L’eucharistie c’est le sommet de notre vie chrétienne et tout chrétien est invité à prendre part à cet événement physiquement ou spirituellement. C’est prévu toute une année à partir du dimanche 23 juin 2019 au 14 juin 2020. La machine est déjà en marche et dans nos villages, paroisses, CEVB et dans nos mouvements d’actions catholiques, nous allons vivre cet événement et les prêtres sont disposés à accompagner les chrétiens à travers des belles célébrations liturgiques pour que cette année soit vraiment une aide à la vie chrétienne catholique de la RD Congo ».

Enfin,  Mgr Ruvezi a lancé un vibrant appel à tous ses diocésains disséminés à travers le monde, aux fidèles catholiques et personnes de bonne volonté en ces mots : « A tous mes diocésains que je salue. Qu’ils puissent garder en esprit que notre diocèse est appelé à devenir grand. Même si nous sommes à l’extrémité de  la RDC, nous sommes  appelés à devenir le premier diocèse même dans les OPM, je les invite à participer nombreux afin d’aider notre Eglise diocésaine à aller de l’avant  en participant aux OPM ». «  La deuxième direction c’est pour le troisième Congrès eucharistique national de notre pays que nous allons vivre en 2020. Ici, j’en appelle à tous les congolais parce qu’il ne s’agit plus ici d’une affaire d’un seul diocèse mais plutôt, c’est toute l’Eglise de la RDC, que je n’appelle à participer financièrement, matériellement, physiquement à ce grand événement de notre Eglise à Lubumbashi l’année prochaine du 7 au 14 juin ».

Propos recueillis par Junior Kitambala

 

 

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